En 2006, les actions chinoises cotées à Hong Kong ont gagné plus de 97% alors que les actions thaïlandaises n'ont engrangé que 13,3%. Dans le même temps, les actions indiennes ont continué sur leur lancée en gagnant plus de 50%, contre 11% pour les actions coréennes.
Un investisseur qui aurait misé systématiquement, année après année, sur les deux meilleurs marchés (à hauteur de 50% chacun) aurait gagné plus de 750% depuis le 31 décembre 2002. Par contre un investisseur qui aurait systématiquement choisi les 2 bourses les moins performantes chaque année n'aurait gagné que 20% en 4 ans.
Quels indicateurs utiliser
- les ratios cours/bénéfices des entreprises (PER) ou ratios prix par rapport à la valeur comptable des entreprises (PBV) renseignent sur l'attractivité d'un marché donné. Sur cette base, le marché thaïlandais serait incontournable avec un PER moyen de 8,8 qui en fait le marché le plus attractif au monde. En revanche, les actions indiennes, indonésiennes et chinoises sont les moins intéressantes en termes de rapports cours/bénéfices.
- L'indicateur «retour à la moyenne» («return to the mean») est également intéressant: il consiste à surpondérer les marchés ayant sous-performé sur les dernières années en anticipant qu'à long terme, ces derniers rattraperont leur retard. Sur les trois dernières années, les marchés thaïlandais et taïwanais étaient les moins performants, il pourrait donc y avoir un phénomène de rattrapage sur ces deux bourses.
- Le taux de croissance attendu des résultats des entreprises. Ceux-ci sont particulièrement attractifs en Inde, mais ils sont également largement intégrés dans les cours, le marché indien se traitant avec une prime de 40% par rapport à la moyenne des autres marchés.
- l'orientation des taux d'intérêt
- l'inflation : en 2007, elle pourrait diminuer en Thaïlande et en Indonésie et engendrer une réduction des taux d'intérêt, ce qui est toujours favorable aux marchés actions.
- l'évolution des cours des matières premières. La Thaïlande pourrait bénéficier de la correction des prix des matières premières car ce pays importe la totalité de son pétrole.
Contexte géopolitique et macroéconomique
- Des situations géopolitiques difficiles ou des catastrophes naturelles. En 3 ans, la Thaïlande a connu la crise du SRAS en 2003, la grippe aviaire en 2004, le tsunami en 2005, un coup d'état en 2006 et la hausse des prix pétroliers.
La Corée du Sud est également souvent victime des tensions avec son voisin du nord.
Les actions taïwanaises souffrent également des tensions qui peuvent surgir avec la Chine.
C'est le genre de risque auquel doit s'attendre tout investisseur désirant s'aventurer sur les marchés émergents.
- Les marchés des changes: les entreprises des pays dont les devises se sont le plus appréciées (Thaïlande, Corée) ont perdu en compétitivité
- L'évolution des balances courantes constitue un bon indicateur. L'assainissement des situations financières en Asie est allé de pair avec la réduction des déficits courants, voire l'apparition d'excédents courants. La Chine, Taïwan, Singapour et la Malaisie affichent aujourd'hui les excédents courants les plus élevés. A l'inverse, des pays comme l'Inde ou la Thaïlande ne disposent pas de tels surplus.
La Corée du Sud est également souvent victime des tensions avec son voisin du nord.
Les actions taïwanaises souffrent également des tensions qui peuvent surgir avec la Chine.
C'est le genre de risque auquel doit s'attendre tout investisseur désirant s'aventurer sur les marchés émergents.
Conclusion
Un investisseur défensif s'intéressera à des marchés peu chers et qui ont sous-performé comme la Thaïlande, la Corée et Taïwan.
Un investisseur plus actif cherchant à profiter des fruits de la croissance asiatique devrait miser sur les marchés chinois ou indonésien.
Rester à l'écart de l'Inde dont la croissance des résultats des entreprises est déjà bien intégrée dans les cours.
Comment accéder aux marchés émergents?
Pour avoir accès à ces marchés, l'investisseur pourra soit investir directement soit investir via des fonds spécifiques à chaque pays, proposés par les grandes gestionnaires d'actifs.
Pour un investissement direct, mieux vaut choisir des actions à forte liquidité, de préférence cotées aussi sur les marchés européens ou à Wall Street et des actions pour lesquels l'accès à l'information est aisée.
A ce titre, la revue hebdomadaire, Global Investor, spécialisée notamment dans les pays desémergents et publiée par L'Investisseur peut s'avérer un outil précieux.
Pour investir via les fonds, les gestionnaires les plus spécialisés se nomment Fidelity, JPMorgan, UBS, Schroder ou HSBC. Ces sociétés proposent des fonds de droit luxembourgeois investissant dans des pays asiatiques spécifiques. De plus, ces véhicules d'investissement sont agréés à la vente en Belgique.
Tanguy Kamp, analyste Fund-Market