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Quand l'économie mondiale s'essouffle

La révision à la baisse des perspectives de croissance de l’économie mondiale rend les investisseurs nerveux. Quels sont les principaux risques?
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©Filip Ysenbaert

L‘année écoulée n’a pas été un trop mauvais millésime pour l’économie mondiale: avec une croissance de 3,7%, elle a atteint un niveau record depuis 2011. Il faut dire que la baisse des impôts et la hausse des dépenses publiques aux Etats-Unis ont donné un coup de pouce à l’économie américaine et en corollaire à l’économie mondiale.

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À partir de l’été 2018, la croissance a cependant commencé à ralentir, suite à la forte baisse de la production automobile en Allemagne, aux inquiétudes quant au Brexit, à la politique budgétaire italienne et à la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis. De plus, les pays émergents sont confrontés à l’augmentation des taux américains à long terme et à la hausse du dollar. Les pouvoirs publics et les entreprises dont la dette est émise en dollars ont donc vu augmenter la charge de la dette, ainsi que leur taux d’endettement exprimé en devise locale. Du coup, les investisseurs inquiets ont rapatrié des capitaux des pays émergents. Ce sont surtout ceux ayant des "fondamentaux" faibles, comme l’Argentine et la Turquie, qui ont le plus souffert de la fuite des capitaux. Et comme la part relative des pays émergents dans l’économie mondiale a augmenté, celle-ci est aujourd’hui plus sensible à la santé de ces pays.

Aussi, les institutions internationales ont-elles revu à la baisse leurs attentes en matière de croissance mondiale. L’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Économiques) s’attend à ce qu’elle se contracte de 0,2% en 2019 et ne dépasse dès lors pas 3,5% sur l’année. En octobre dernier, le FMI (Fonds monétaire international) prévoyait encore une croissance de 3,7% en 2019.

Quels sont les facteurs qui devraient peser sur la croissance en 2019?

Marchés en baisse

Ces dernières semaines, les turbulences qui ont frappé les marchés financiers ont poussé une nouvelle fois les économistes à revoir leurs prévisions à la baisse. Au quatrième trimestre 2018, les marchés d’actions mondiaux ont été secoués suite à la crainte d’un fort ralentissement économique, voire d’une récession. Le recul des Bourses pourrait en effet avoir un impact négatif sur la croissance, à cause de ce que l’on appelle "l’effet de richesse". Les recherches révèlent en effet que les ménages consomment moins lorsque les cours de Bourse chutent fortement.

Resserrement des politiques budgétaires et monétaires

Les Américains devraient réduire leurs mesures de soutien à l’économie. La réduction de l’impôt des personnes physiques et des sociétés est en effet achevée. Les Etats-Unis envisagent cependant d’augmenter à nouveau les dépenses publiques.

En outre, la politique monétaire devrait de plus en plus agir comme un frein plutôt que de soutenir l’économie. En 2018, la banque centrale américaine (Fed) a augmenté ses taux à quatre reprises et elle envisage de les relever à nouveau (deux fois) en 2019. La Fed est également en train de réduire son portefeuille d’obligations souveraines et de titres adossés à des créances hypothécaires (hypothèques titrisées). La réduction de ces portefeuilles et la hausse du taux directeur ont poussé les taux américains à dix ans au-dessus de 3%. Par la suite, l’intensification de la crainte d’une récession a toutefois fait retomber les taux à long terme sous les 3%.

Le président américain Donald Trump se dit inquiet des conséquences du resserrement de la politique monétaire pour la croissance. Il a critiqué à plusieurs reprises les hausses de taux et était même prêt en décembre à congédier le président de la Fed, Jérôme Powell.

Le resserrement de la politique budgétaire et monétaire aux Etats-Unis a sensiblement augmenté les craintes d’un sérieux ralentissement de l’économie américaine.

Ce resserrement de la politique budgétaire et monétaire aux Etats-Unis a considérablement attisé la crainte d’un ralentissement important de l’économie américaine. Certains analystes pointent la courbe des taux, qui s’est en partie inversée fin 2018, le taux américain à deux ans ayant dépassé les taux à trois et cinq ans. Une inversion complète de la courbe des taux, où le taux à deux ans dépasse également celui à dix ans, était dans le passé clairement un signe annonciateur de récession.

Les Etats-Unis ne sont pas les seuls à mettre fin à la politique monétaire particulièrement souple de leur banque centrale. Fin décembre, la Banque Centrale Européenne a cessé son programme de rachat d’obligations. Elle prépare les marchés à un relèvement des taux, dont le premier devrait avoir lieu à l’automne 2019, même si le marché des taux à terme ne l’attend pas avant 2020. Même la banque centrale japonaise commence à envisager de normaliser sa politique.

Escalade commerciale USA-Chine

Une nouvelle escalade des guerres commerciales constitue une autre menace importante pour l’économie mondiale, même si certaines nouvelles récentes sont plutôt encourageantes. Début décembre, les Etats-Unis et la Chine se sont mis d’accord en effet pour éviter toute nouvelle taxe d’importation avant le 1er mars, afin de tenter de conclure un accord avant cette échéance.

Une nouvelle escalade des guerres commerciales constitue une menace importante pour l’économie mondiale.

En cas d’échec des négociations, Donald Trump se dit toutefois prêt à augmenter à nouveau les taxes d’importation sur les produits chinois. La Chine est bien plus vulnérable que les Etats-Unis en cas d’intensification de la guerre commerciale, au vu de son important excédent commercial. Mais d’autres pays subissent également l’impact négatif des mesures protectionnistes de Trump, comme l’Allemagne, Taïwan et la Corée du Sud, qui exportent beaucoup vers les Etats-Unis.

L’endettement élevé de la Chine accentue encore sa fragilité. Le pays essaie d’endiguer le taux d’endettement des entreprises et des pouvoirs locaux et de transformer son économie axée sur l’exportation en une économie de services, avec la consommation intérieure comme principal moteur de croissance. Mais cette transformation pèse précisément sur la croissance.

Incertitude relative au Brexit

Les incertitudes liées au Brexit n’ont pas pu être levées: le Parlement britannique vient de rejeter l’accord entre le gouvernement britannique et l’Union européenne sur les conditions de sortie du Royaume-Uni. Cette décision augmente le risque d’un Brexit sans accord, ce qui représenterait un sérieux obstacle aux échanges commerciaux entre le Royaume-Uni et l’Union européenne et aurait surtout des conséquences négatives sur l’économie britannique. Mais les entreprises européennes qui exportent vers le Royaume-Uni n’en sortiraient pas indemnes non plus.

Politique budgétaire italienne

Un autre risque auquel l’Europe est confrontée semble pour l’instant sous contrôle, à savoir la politique budgétaire italienne. Le gouvernement italien, non sans avoir subi des pressions de la Commission européenne, a revu son budget 2019 et réduit le déficit de 2,4 à 2,04% du PIB. La Commission européenne a indiqué qu’elle ne lancerait pas, du moins pour l’instant, une procédure de sanction contre Rome, mais il faudra attendre pour voir si l’Italie respectera son nouvel (et ambitieux) objectif budgétaire.

Récemment, la France a également abandonné toute discipline budgétaire. En 2019, le déficit de l’Hexagone devrait dépasser la barre des 3% du PIB, suite aux réductions d’impôts annoncées par le président Emmanuel Macron pour répondre aux protestations des "gilets jaunes". Nul ne sait aujourd’hui comment la Commission européenne réagira.

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