De façon ininterrompue, les rois, les ducs et autres dirigeants qui mettaient de l'argent en circulation ont trompé leur peuple. Car l'inflation est en fait une duperie. Une tromperie sur notre richesse. Si davantage d'argent circule - sans que la quantité de marchandises et de services augmente dans la même mesure - un pays ne devient pas réellement plus riche. Car pour l'argent excédentaire, une seule échappatoire existe, à savoir l'inflation ou la hausse des prix.
Le seul 'ministre des Affaires économiques' qui ait jamais trouvé la parade parfaite contre l'inflation était le modeste Joseph, de l'Ancien Testament. On le connaît pour le récit des années de vaches grasses et de vaches maigres. Après les années grasses aux récoltes foisonnantes, vinrent les années maigres aux piètres récoltes. Au début, les hommes possédaient encore beaucoup d'argent pendant les années maigres, tandis que l'offre de grains était faible. Et les prix grimpèrent. Joseph avait toutefois conseillé au pharaon de constituer suffisamment de réserves pendant les années grasses. Lorsque les années maigres arrivèrent, les granges abritant les réserves furent ouvertes, si bien que l'offre de grains pu couvrir la demande sans difficulté. Ainsi, l'inflation fut évitée.
Dans l'économie mondiale actuelle - et ses flux internationaux d'argent et de marchandises - faire correspondre l'offre d'argent et de marchandises n'est plus aussi simple qu'au temps des pharaons. Sans oublier que certains dirigeants ouvrent parfois sciemment le robinet monétaire pour résoudre des problèmes de budget. Nous ne serons donc jamais délivrés de l'inflation. Il ne nous reste donc qu'une seule solution : nous armer contre cette duperie officielle !
L'inflation peut être néfaste pour vos finances. Si vous épargnez aujourd'hui de façon tout à fait systématique pour vous constituer vers l'âge de la retraite un capital par exemple de 150 000 euros, cette somme vous semble déjà conséquente. Mais, entre-temps, ce capital aura peut-être nettement moins de valeur qu'aujourd'hui. Si au cours des 20 prochaines années, l'inflation s'élève en moyenne à 2 pour cent par an, un capital de 150 000 euros n'aura plus dans 20 ans que le pouvoir d'achat de 100 000 euros aujourd'hui. Ou, en d'autres termes : en vingt ans, les prix auront augmenté d'un tiers, ou votre capital vaudra un tiers de moins.
Heureusement, il existe une manière très simple de vous en prémunir. Tenez compte uniquement du rendement réel lorsque vous planifiez votre avenir financier. Le rendement réel est votre rendement effectif diminué de l'inflation. Ou, pour prendre un exemple : pour un rendement de 4,50 pour cent et 2 pour cent d'inflation, votre rendement réel s'élève uniquement à 2,50 pour cent. Il s'agit du taux pour lequel vous vous enrichissez réellement en termes de pouvoir d'achat. Quelques exemples permettront directement de clarifier ces dires :
Un investisseur jeune retraité dispose de 150 000 euros. Il souhaite utiliser ses intérêts comme revenu complémentaire, mais maintenir intact le pouvoir d'achat de son capital. Le rendement moyen attendu de son placement pour les années à venir est de 4,50 pour cent, l'inflation s'établit à 2 pour cent. Si notre investisseur prélève des intérêts de 2,50 pour cent seulement chaque année pour vivre, le reste fait croître son capital et le maintient au même niveau que l'inflation. Sur vingt ans, son capital aura grandi jusqu'à atteindre ± 223 000 euros (ou 150 000 euros multipliés par 1,02 à la puissance 20). Le revenu annuel des intérêts qu'il peut épuiser s'élève alors à 3 750 euros (ou 312,5 euros par mois) ; ou 2,5 pour cent de 150 000 euros.
Un indépendant prévoyant de trente ans veut se constituer pour l'âge de la retraite un capital ayant le même pouvoir d'achat que 150 000 euros aujourd'hui. Pour ce faire, il peut encore épargner pendant 30 ans. S'il épargne chaque année un montant de 3 200 euros (ou ± 265 euros par mois) et réalise un rendement réel de 3 pour cent, il obtient après 30 ans un capital final réel de ± 152 000 euros. À une inflation moyenne de 2 pour cent, cela signifie qu'il doit réaliser un rendement effectif de 5 pour cent. Son capital final réel - en euros véritables - atteindra en 30 ans ± 212 000 euros mais, en termes de pouvoir d'achat, ce montant ne correspondra qu'à environ 150 000 euros aujourd'hui.
Frida Deceunynck