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Faut-il s'inquiéter de l'augmentation du prix des matières premières? La FAO, l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, a tiré la sonnette d'alarme. Quels impacts pour notre budget?

(mon argent)  Le prix des matières premières grimpe en flèche. Tant les "soft commodities" (produits cultivés) que les "hard commodities" (produits provenant de l’extraction minière) sont concernés.

Jugez plutôt:

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  • +39% entre décembre 2009 et décembre 2010 pour les céréales - le blé et le maïs enregistrent à eux seuls +52% chacun-;
  • +55% pour les oléagineux;
  • +19% pour le sucre, qui avait déjà fortement cru en 2009.

En termes réels, l'indice de la FAO était de 118,1 en décembre 2008, 148,2 en décembre 2009 et… 183,4 fin 2010. Le pétrole approche la barre des 100 dollars le baril. On est encore loin des records de juin 2008 (140 dollars) mais on s’en approche. La hausse des matières premières est, quoiqu’il en soit, bien supérieure à l'inflation.

Pourquoi de pareilles hausses? Plusieurs facteurs jouent sur les prix. A commencer, par des conditions météorologiques calamiteuses, notamment en Argentine, en Russie et, récemment en Australie. Une modification de la structure de la demande n'est pas non plus étrangère à ce phénomène. Celle-ci a de fait connu une forte hausse ces dernières années, poussées par l'essor des biocarburants mais aussi par les changements des habitudes de consommation des pays émergents. Un autre élément est la spéculation. "Nous la soupçonnons de jouer un rôle sur l'augmentation des prix des matières premières, sans réelle preuve jusqu’à présent" estime Concepción Calpe, Senior Economist à la FAO.

Quels sont les risques?

Si pour l'instant, on ne peut pas parler de pénurie, la FAO estime que si ce phénomène perdure, il pourrait y avoir des effets inflationnistes. Doit-on s'attendre à une diminution du pouvoir d'achat en Belgique? Les prix en magasin vont probablement un peu augmenter dans les pays occidentaux.

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Il faut toutefois relativiser l'impact réel pour le consommateur. "La part que représentent les matières premières dans le prix total est finalement très faible. La plupart des produits ont été transformés, emballés,... Parmi tous les éléments intervenants dans la fabrication du produit, les matières premières sont infimes. Par contre, l'augmentation du pétrole risque d'avoir des conséquences plus importantes vu son rôle tant dans le transport que dans la transformation des aliments," explique Olivier de Schutter, rapporteur des Nations Unies pour le droit à l'alimentation.

Si la part des matières premières dans les produits finis varie fortement d'un produit à l'autre, la Banque Nationale estime néanmoins que, en moyenne, tous produits confondus, elle représente environ 20% du prix total payé par le consommateur. Un autre élément à prendre en compte est l’importance relative de la part de l'alimentation et des transports dans le budget des ménages. En 2008, la première constituait 12% du budget des ménages belges et la seconde (transport et carburant), 3,8%.

Cette fameuse indexation des salaires…

L’impact de l’augmentation du prix des matières premières est d’autant plus relatif que la Belgique a un système d’indexation des salaires. La prochaine est prévue durant l’été. En gros, cela signifie que lorsque les prix d'un ensemble de produits augmentent, les salaires suivent la tendance et les salariés conservent des revenus leur permettant de continuer à consommer comme ils le faisaient auparavant. Ca, c'est la théorie. En pratique, il faut apporter quelques nuances.

Depuis 1994, l'indice de référence pour calculer cette augmentation des prix, et dès lors l'indexation des salaires, est l'indice santé. Il prend en considération les achats d'un ménage moyen. Le 'hic' est que, non seulement il n'est pas représentatif des habitudes de consommation de tous les Belges, mais il exclut aussi certains biens de son analyse, à savoir le tabac, l'alcool, le diesel et l'essence.

Il peut en outre parfois s'écouler un certain temps entre la hausse des prix et celle des salaires. Pendant ce laps de temps, le pouvoir d'achat des ménages diminuera. Enfin, la compétitivité belge risque aussi de pâtir du système mis en place dans notre royaume. L’emploi pourrait en pâtir et, partant, les revenus disponibles aussi…

Que peut-on attendre pour 2011 et 2012?

Selon Concepción Calpe, la situation va être un peu plus tendue sur les marchés. "Les stocks vont diminuer. Cela ne veut pas dire que les prix vont d'office augmenter, mais ils seront plus volatils. Lorsqu'il y a des stocks et qu'un événement extérieur se produit, comme une inondation en Australie, les marchés réagissent assez peu. Par contre, si les stocks se raréfient, les marchés sont plus sensibles."

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