Plus que jamais, les évolutions des tarifs télécoms semblent s’accélérer. Voici deux semaines, l’Institut Belge pour Postes et les Télécoms (IBPT) a décidé de faire baisser les tarifs de terminaison d’appel sur le réseau de téléphonie fixe. Les 17 opérateurs présents sur le marché belge doivent réduire les prix qu’ils se facturent mutuellement au niveau le plus bas, soit 0,71 euro par minute. Cela devrait se répercuter sur le prix final payé par le consommateur.
Tarifs de roaming
En matière de téléphonie mobile, une nouvelle baisse du plafond des tarifs de roaming est annoncée pour le 1er juillet 2012. Les appels depuis l’étranger coûteront 0,25 euro/min (contre 0,35 euro/min actuellement). Les appels reçus à l'étranger coûteront 0,08 euro/min (contre 0,13 euro/min). L’envoi d’un SMS reviendra à 8 cents au lieu de 11. Le tarif data sera plafonné à 0,50 euro par MB de données.
Lutte contre les tarifs élevés
Le ministre chargé de la Protection des consommateurs, Johan Vande Lanotte, vient en outre d’annoncer qu'il comptait prendre des mesures pour contrer les tarifs de téléphonie fixe et mobile trop élevés en Belgique. Il commandera prochainement une étude à l'IBPT. La comparaison entre les tarifs nationaux et étrangers devrait permettre de situer le marché belge. "Cette comparaison doit porter sur les prix et fournir une explication en cas de différences. Si l'explication n'est pas recevable, il faudra prévoir ce qu'il y a lieu de mettre en œuvre pour gommer ces différences", prévient le ministre. Les résultats devraient être connus avant l'automne.
Ce qu'en pense le secteur des télécoms
En attendant, le secteur a déjà réagi. "BASE a dans le passé adopté une stratégie de challenger et son entrée sur le marché a permis d’enclencher une baisse des tarifs", note Florence Muls, porte-parole de l’opérateur mobile.
Des propos confirmés par Mathieu Van Overstraeten, le porte-parole de Mobistar. "Les prix mobiles baissent en moyenne de 10% par an en Belgique. Et le marché belge compte une grosse quarantaine d’opérateurs mobiles (MVNO inclus), preuve qu'il existe une réelle concurrence sur le marché". En effet, selon l’indice des prix à la consommation, le prix des communications mobiles est passé de 100 en 2006 à 66,51 en 2011. "Nous n’attendrons d'ailleurs pas l’enquête du ministre pour améliorer encore nos offres et les adapter davantage aux besoins et aux attentes des consommateurs belges. Il y aura des innovations de Mobistar dans un avenir proche", a-t-il ajouté.
Même son de cloche chez Belgacom. "Ces dernières années, nous avons multiplié les efforts pour augmenter la qualité de nos produits (vitesse de surf, volume illimité, qualité du réseau) tout en diminuant leurs prix (forfaits, Happy Time XL, etc.)", répond Haroun Fénaux, son porte-parole.
Manque persistant de concurrence?
Malgré la présence de 33 opérateurs sur le marché, il persiste un manque flagrant de concurrence qui ne permet pas de baisser les prix de la téléphonie mobile, estime Bernard Clerfayt, député FDF. "En théorie économique, pour que la concurrence pure et parfaite puisse jouer, il faut que le bien ou le service soit identifié et identifiable, divisible, certain, connu et identique d'un producteur à l'autre", a-t-il expliqué dans un communiqué.
"Or, dans le secteur de la téléphonie mobile, on constate au contraire une réelle ‘jungle tarifaire’. Le consommateur est face à une multitude d’offres avec des caractéristiques très diverses. Il est dès lors extrêmement difficile pour le client de trouver l’offre qui lui convient le mieux et procéder à une comparaison entre les opérateurs".
Le député entend déposer une proposition de loi visant à imposer aux opérateurs de la téléphonie mobile de proposer aux clients un 'produit de base' et un 'produit illimité' et de les mentionner clairement dans leurs publicités. Il souhaite en outre plafonner les contrats à douze mois et limiter les frais de résiliation.
Une loi télécom prévoyant ces mesures et bien d’autres – comme la résiliation gratuite et plus rapide d’un abonnement mobile – a toutefois déjà été approuvé par le Comité de concertation. Elle sera bientôt dépose à la Chambre, selon Els Bruggeman, porte-parole du cabinet Vande Lanotte. "Si tout va bien, elle sera votée en mai ou en juin", ajoute Florence Muls.
En France, Free a secoué la concurrence
L’introduction sur le marché français d’un nouvel opérateur (Free) et de son offre illimitée à 19,99 euros a divisé les prix de la téléphonie mobile par quatre. Les opérateurs historiques – dont les tarifs de base étaient en moyenne de 80 euros/mois – ont répondu en lançant à leur tour des offres à 20 euros.
En Belgique, une offre plus ou moins similaire coûte entre 80 et 90 euros par mois. Une baisse de la même ampleur n’est-elle pas envisageable pour les consommateurs belges? Pour le secteur en général, il faut comparer des choses comparables. "Les comparaisons entre les pays restent difficiles (législations et systèmes de régulations différents, coûts d’interconnexion, qualité du service à la clientèle, nombre de points de vente,…)", commente Florence Muls. "Le business model de Free est aussi particulier et nous devons voir comment cette offre va évoluer à terme."
"Free propose un beau produit accrocheur à 20 euros mais tout le monde n’a pas besoin de tout ce qu’ils offrent. A titre d’exemple, un jeune qui veut envoyer des SMS à volonté peut trouver une offre à 10 euros chez Proximus. D’ailleurs, plus de 50% des clients de Proximus ont des factures inférieures à 20 euros", note Haroun Fénaux. D’où la nécessité – et on ne le dira jamais assez - de comparer les différentes offres du marché. Pour vous aider, surfez sur le Baromètre des Prix Télécoms de l’IBPT.