Les Belges auraient-ils de plus en plus de difficultés à boucler leur fin de mois ? Au cours des 12 derniers mois écoulés, le stock d’ouvertures de crédit a augmenté de plus d’un million de contrats. Cela représente une hausse de près de 26,5% selon la Centrale des Crédits de la Banque Nationale.
Le SPF Economie et la Banque Nationale de Belgique nuancent malgré tout ces chiffres. En effet, cette hausse spectaculaire est principalement due à l’élargissement du champ d’application de la nouvelle loi sur le crédit à la consommation: depuis le 1er décembre 2010, les simples découverts bancaires sont officiellement enregistrés comme ouvertures de crédit. Pour en savoir plus, lisez " Peut-on encore être à découvert ? "
Ouvertures de crédit
"Il ne faut cependant pas minimiser l’importance grandissante que prennent les ouvertures de crédits", estiment les organisateurs de la Journée sans crédit (26 novembre 2011, NDLR). Ce type de crédit, facilement accessible dans les banques, dans la grande distribution ou via des sociétés spécialisés, serait désormais utilisé davantage par certains particuliers pour compenser une baisse de revenus. Un phénomène inquiétant si cette baisse perdure. "L’augmentation de l’usage des ouvertures de crédit pour combler cette baisse viendra accroitre les difficultés à long terme". Et bien entendu, elle contribuera à réduire davantage le pouvoir d’achat de ceux qui y ont recours.
Le nombre de personnes enregistrées avec un contrat de crédit impayé est aussi en augmentation. Depuis le début de la crise de septembre 2008, il n’a cessé d’augmenter: +2,6% en 2010, +1,9% (jusque fin octobre 2011). "Le montant des arriérés est lui aussi en hausse en 2011: +10,2% par rapport à 2010", précise l’organisation.
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Pauvreté grandissante
Autre constat: le public qui fait appel à la procédure de règlement collectif de dettes n’est plus uniquement constitué de personnes surendettées. "Un tiers de ces personnes n’a même pas de dettes de crédit. Au nord comme au sud du pays, les médiateurs de dettes sont de plus en plus confrontés à des ménages qui parviennent à peine à faire face à leurs dépenses quotidiennes de base ou dont les revenus, insuffisants, ne leur permettent même pas d’avoir un budget en équilibre."
Un avis partagé par l’économiste et président du CPAS de Namur, Philippe Defeyt. "On est davantage confrontés à des factures non payées, des paiements reportés ou partiellement payés qu’à des problèmes liés à des ouvertures de crédit. Plus grave, il s’agit de factures essentielles: celles liés à la santé, à l’eau et à l’énergie. Et dans une moindre mesure, celle liée au loyer". Pour résoudre de tels problèmes, mieux vaut s’adresser à des services sociaux spécialisés plutôt que de basculer dans la spirale infernale des ouvertures de crédit.
"Les services de médiation des dettes sont là pour essayer de mettre de l’ordre dans la gestion budgétaire des gens. Ils peuvent aussi donner des conseils ou obtenir des conditions favorables en matière d’assurance, domaine où les gens ont tendance à se faire avoir et à surpayer", note l’économiste.
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Un microcrédit?
Si les fins de mois sont difficiles, la tentation peut être grande de craquer pour un microcrédit comme celui proposé par Ferratum. Cette société propose de prêter de petites sommes d’argent (entre 50 et 200 euros) à court terme (15 à 30 jours), via sms, avec un taux d’intérêt à 0%.
"Mais attention aux frais additionnels", prévient Test-Achats. "Et quels frais! Exemples: si vous empruntez 50 euros pour 15 jours, vous payez 10,60 euros en sus. Pour 150 euros sur 30 jours, ce supplément atteint 37,50 euros. Et le coût pour 200 euros pendant 30 jours s’élève à 49,99 euros. Vous payez donc toujours l’équivalent d’un TAEG de 300%!”
Cette société est également décriée par le Centre de recherche et d’information des organisations de consommateurs (Crioc) qui a porté plainte en septembre auprès du SPF Economie pour contravention avec la loi sur les crédits.
Par ailleurs, "si vous avez besoin d’une petite somme pour un achat essentiel, vous avez plutôt intérêt à vous tourner vers le crédit social organisé par le Crédal", conseille Philippe Defeyt. Cette organisation permet par exemple de financer l’achat d’un véhicule, d’un permis de conduire ou d’un abonnement de transports en commun pour les personnes sur la corde raide. Plus d’infos sur son fonctionnement et les conditions dans notre article.