Denis et ses drôles de dames. De la directrice de cabinet à la porte-parole en passant par ses principales conseillères, le ministre Denis Ducarme – "c’est un peu un hasard", admet-il – est principalement entouré de collaboratrices. En charge des PME et des Indépendants au sein de l’équipe gouvernementale, le ministre se dit "particulièrement concerné" par la situation des femmes aujourd’hui en Belgique au regard de l’entreprenariat.
Plantons le décor - il est issu du premier baromètre de l’entreprenariat féminin qu’a fait réaliser le ministre avec l’appui de ses services.
• En Belgique, les femmes représentent 34,67% des indépendants. Elles exercent leur activité en cette qualité à titre principal (23,14% de la totalité des indépendants) ou accessoire (9,23% de cette totalité).
• D’autre part, les femmes tirent moins de revenus de leur activité indépendante que les hommes: 49,5% des femmes indépendantes déclarent des revenus inférieurs à 7.500 euros net annuel.
• Autre chiffre significatif: il y a moins de femmes indépendantes à Bruxelles (28,3% du total des indépendants) qu’en Wallonie (35,8%) et en Flandre (35,3%). Les femmes représentent donc largement moins que la moitié des indépendants, même si elles sont plus de 50% de la population.
•Les femmes sont également moins actives après la pension que les hommes: 2,3% des femmes poursuivent une activité d’indépendante après leur pension (contre 7,06% pour les hommes).
• En 2016, les femmes entrepreneurs étaient essentiellement présentes dans le secteur des professions libérales et intellectuelles (40,7%), du commerce (31,4%) et des services (12,3%).
Les femmes face au crédit
Ici, le bât blesse: le pourcentage d’octroi de crédit est de 88% pour les femmes entrepreneuses tandis qu’il est de 92% pour les hommes entrepreneurs. Les femmes essuient donc un taux de refus de crédit bancaire supérieur aux hommes.
Convertis en taux de refus, cela représente 12% de refus de crédit bancaire pour les femmes et 8% pour les hommes. "C’est inadmissible et nous allons prendre ce problème à bras-le-corps", insiste Denis Ducarme.
Ses services ont déjà rencontré les organes représentatifs du secteur bancaire (Febelfin) et une "task force" est mise en place en vue d’enclencher un phénomène de rattrapage des femmes entrepreneurs sur les hommes au niveau bancaire. Car une autre différence significative entre les deux sexes est pointée: les montants demandés et octroyés sont globalement moins élevés pour les femmes par rapport aux hommes.
→ Les montants moyens demandés sont de 204.853 euros pour les femmes et de 455.864 euros pour les hommes.
"Les ambitions des femmes entrepreneurs sont encore moins développées que celles des hommes; leurs contacts avec les banques sont plus compliqués. Là où les hommes sont souvent plus assertifs et fonctionnent davantage au culot, les femmes sont encore souvent trop timides à l’heure de présenter leurs projets d’entreprise. Nous souhaitons ramener de l’équité et que les femmes soient traitées de la même manière que les hommes par le secteur bancaire", ajoute Denis Ducarme.
Outre les contacts qui ont été pris avec le secteur bancaire, plus largement, le ministre Ducarme soutient différents services de coaching, des ASBL de femmes entrepreneurs qui prennent sous leur aile d’autres femmes indépendantes. "C’est aussi au niveau des mesures de la conciliation entre vie privée et vie professionnelle qu’il faut travailler; l’extension des congés de maternité pour les femmes indépendantes va dans le bon sens, comme la possibilité d’octroyer davantage de titres-services aux parents en charge de familles monoparentales".
Et Denis Ducarme de conclure: "je ne suis pas en faveur des quotas de femmes dans les conseils d’administration des entreprises, je pense que les femmes peuvent faire la démonstration qu’elles peuvent y arriver sans quota, on a toute une gamme d’incitants qu’on met en place pour cela".