Les chiffres les plus récents d’Euronext Bruxelles, l’exploitant de la bourse de Bruxelles, révèlent que le nombre de transactions en "small caps" et "mid caps" (petites et moyennes capitalisations) a augmenté de plus de 10% sur les onze premiers mois de 2014. L’année précédente déjà, ces plus petites valeurs avaient gagné en popularité parmi les petits investisseurs.
Pourtant, les plus petites actions n’affichent pas de record. Le Bel20, le panier des vingt principales actions de la cote bruxelloise, a engrangé un bénéfice légèrement supérieur à 12% en 2014. Les Bel Mid et le Bel Small, les petits frères du Bel20, qui reprennent les moyennes et les petites capitalisations, clôturent l’année 2014 sur un bénéfice annuel de respectivement 7,1% et 7,2%.
À long terme
Le fait que "small" devienne de plus en plus "beautiful" en Bourse est surtout dû au fait que, sur de longues périodes, les plus petites valeurs affichent de meilleures prestations que les vedettes du marché. Et pour les épargnants en quête de meilleurs rendements à plus long terme, c’est une bonne nouvelle.
Durant cette semaine, retrouvez chaque jour dans ce dossier en ligne des nouvelles analyses et conseils pratiques. Pour mieux investir en Bourse, en évitant les pièges.
"À plus long terme, les small caps se sont toujours mieux comportées que les grandes valeurs cotées", explique le gestionnaire de fonds Bart Geukens, de la société de Bourse Petercam. "Celui qui a conservé des small caps américaines depuis1950 plutôt que de grandes valeurs aurait aujourd’hui un capital cinq fois plus élevé. Sur la même période, elles ont procuré un rendement annuel total de 13,6%. En Europe, on constate la même tendance: depuis le début des années’80, les actions des plus petites entreprises ont toujours fait mieux que leurs grands frères."
La Belgique n’y fait pas exception. Ces cinq dernières années, le Bel Mid et le Bel Small ont grimpé de respectivement 35,9% et 69,3%. Si en plus on tient compte des dividendes que ces valeurs ont distribués, le rendement total passe même à 61% et 94,5%.
Plus longtemps vous conservez un panier de petites ou moyennes valeurs en portefeuille, plus grande est la chance de battre les grandes capitalisations. Celui qui aurait conservé pendant 10 ans, à quelque moment que ce soit, un panier de small caps mondial aurait toujours gagné davantage qu’avec un panier de grosses valeurs, révèle une enquête de Petercam. Pour les small caps européennes, cette probabilité est de 90%. Depuis 1950, vous n’auriez jamais obtenu de return négatif en investissant dans un panier de small caps que vous auriez conservées pendant dix ans. "On entend souvent dire que si les small caps offrent de meilleurs rendements, c’est parce qu’elles présentent aussi plus de risques", explique Bart Geukens, qui commente les résultats de cette enquête. "Mais d’autres études démontrent que, même en prenant ces risques en compte, les returns à plus long terme restent supérieurs à ceux des grandes valeurs boursières."
Lotus Bakeries. En 2014, le fabricant de biscuits de Lembeek a procuré un rendement total – hausse de cours et dividende – de 31%. C’est la treizième année d’affilée que l’action bat le Bel20. Celui qui a investi 1.000 euros en Lotus Bakeries en 2001 possède aujourd’hui 16.500 euros, et encore, sans compter les dividendes..
Plus dynamique, plus flexible
Qu’est-ce qui explique ce parcours impressionnant des small et mid caps? "Leur échelle joue incontestablement un rôle déterminant, estime Bart Geukens. Pour une petite entreprise comme Lotus Bakeries, il est plus facile de croître avec un nouveau produit ou en décrochant un nouveau marché. Les conglomérats comme Siemens par exemple n’ont pas cette flexibilité. C’est aussi ce qui a permis aux small caps d’afficher entre 2003 et 2013 une croissance près de deux fois supérieure à celle des grandes entreprises." "En outre, la mentalité d’entrepreneur est quand même bien plus présente dans les plus petites entreprises, poursuit le gestionnaire de fonds. Les small caps et mid caps sont généralement plus dynamiques et plus flexibles. Souvent, elles sont dirigées par les familles fondatrices. Des gens qui ont gagné tous leurs galons lorsqu’ils sortaient leur entreprise de terre et devaient affronter de gros concurrents pour gagner des parts de marché. En général, un tel management est beaucoup plus impliqué et peut plus vite se réorienter en cas de coup dur."
Les atouts des small caps
- Elles affichent une meilleure prestation à long terme que les plus grandes actions.
- Elles sont gérées de façon dynamique, souvent par des familles propriétaires.
À tenir à l’œil
- Il y a souvent moins d’informations disponibles.
- Leur marché est moins liquide et donc plus sensible aux fluctuations de cours.
Voilà qui est bien attrayant. Les investisseurs ne doivent toutefois pas perdre de vue qu’investir dans des small ou mid caps n’est pas sans danger, car elles sont plus sensibles aux turbulences boursières. Elles sont en effet moins liquides: il n’y a pas toujours autant d’acheteurs que de vendeurs sur le marché. Alors, quand la tempête souffle, cela peut vite provoquer d’énormes fluctuations de cours. Dans les marchés qui connaissent beaucoup de transactions, ce qui est le cas des grandes valeurs, ce risque est nettement moindre. Autre handicap: on dispose souvent de moins d’informations sur les petites et moyennes entreprises. Si les grandes valeurs cotées disposent quasiment toujours d’un département "investor relations" susceptible de fournir rapidement des informations détaillées, chez la plupart des small caps, la communication est réduite au strict minimum. Et c’est précisément parce que les plus petites valeurs sont moins traitées que les sociétés de Bourse les suivent moins.
Les prix bradés, c’est fini
Après le rallye des dernières années, les actions du Bel Mid cotent actuellement à 22,4 fois leur bénéfice attendu. Celui qui veut investir aujourd’hui dans les small caps ou mid caps ne doit donc plus tabler sur des prix bradés. "Ces évaluations moyennes cachent toutefois de grandes différences, souligne Bart Geukens. L’an dernier, ce sont surtout les entreprises qui généraient un solide cash-flow qui avaient la cote, tout comme les secteurs plus défensifs, précise-t-il. Les perspectives restent mauvaises pour l’Union européenne et entre-temps les taux d’intérêt continuent à baisser à des niveaux extrêmement faibles. Mais les valeurs cycliques, qui sont plus dépendantes du climat économique, se sont à nouveau moins bien comportées."
Selon le gestionnaire de fonds, c’est ce qui explique que de nombreuses valeurs cycliques affichent aujourd’hui une décote par rapport à leur valeur intrinsèque (NDLR: ces entreprises sont moins chères en Bourse aujourd’hui que ce qu’on obtiendrait si on vendait tous leurs actifs). "Pour que ces valeurs remontent la pente, il faudrait une amélioration du climat économique et que ces entreprises affichent de meilleurs résultats", poursuit Geukens. "Il y a bien quelques éléments d’espoir. La dégringolade de l’euro, des charges d’intérêt moindres et les prix pétroliers en chute libre pourraient donner un sérieux coup de pouce à ces valeurs cycliques. En outre, les entreprises ont aujourd’hui un meilleur accès aux crédits bancaires qu’il y a quelques années. Un réveil du marché des fusions et acquisitions pourrait aussi redonner de la hauteur aux cours boursiers."
Avec pas moins de neuf actions de ce secteur sur les tableaux de cotation, et plusieurs introductions en Bourse dans le pipe-line, Euronext Bruxelles a de plus en plus une image de Bourse des biotechs. Mais seules deux d’entre elles affichent une capitalisation supérieure à 500 millions d’euros: Ablynx et UCB. Les valeurs de la biotechnologie sont donc de petits acteurs.
Il serait risqué de considérer ces valeurs au même titre que d’autres small caps «ordinaires». Un élément déterminant caractérise les biotechs: elles sont fortement dépendantes des études en cours et de leur chance de déboucher sur de nouveaux médicaments. Si ces études arrivent à des résultats positifs, cela peut conduire à terme à des blockbusters. Mais dans le cas contraire, cela provoque souvent des soubresauts qui coûtent cher aux investisseurs!
Les investisseurs qui entrent dans une valeur technologique à un stade précoce de la recherche peuvent donc engranger des gains élevés. Mais un tel placement comporte de plus grands risques qu’un investissement dans un autre type de small caps. Contrairement à ces dernières, il est très difficile d’évaluer les valeurs biotechnologiques sur la base des critères traditionnels, tels que le rapport cours/bénéfice. Aussi longtemps qu’aucun médicament blockbuster n’est mis sur le marché, la plupart de ces valeurs perdent de l’argent. En outre, toutes les liquidités sont généralement investies dans la recherche, ce qui ne laisse guère de place à la distribution d’un quelconque dividende.
Celui qui parie malgré tout sur une biotech doit aussi tenir compte du fait que 2015 sera une année cruciale pour ce secteur. Plusieurs acteurs vont publier ces prochaines semaines des résultats déterminants pour leur avenir:
- Ablynx pourrait entamer la phase III autour d’un remède contre la maladie rare du sang TTP. La phase III, c’est la dernière avant la possibilité d’une mise effective du médicament sur le marché. Et la société n’en reste pas là: au printemps, de nouveaux éléments devraient être divulgués au sujet de la recherche d’un médicament contre le rhumatisme. Et à l’automne, on disposerait d’éléments sur l’efficacité d’un remède potentiel contre le «virus du refroidissement» (RSV) qui provoque la bronchiolite, maladie grave pour le nourrisson).
- Pour Galapagos aussi, l’année s’annonce animée. Le groupe va publier au premier semestre les nouvelles données sur le remède en rhumatologie sur lequel il travaille depuis des années. Un moment important, car sur la base des résultats de ces recherches, le géant américain Abbvie décidera s’il demande ou non une licence pour ce médicament. A l’agenda du second semestre: les résultats de la recherche d’un remède contre la mucoviscidose.
- Thrombogenics a décidé d’arrêter sa quête d’un repreneur. L’entreprise va donc à nouveau s’appuyer sur ses propres moyens. Les investisseurs attendent d’autres résultats des recherches sur l’efficacité du médicament Jetrea, pour les yeux.
- Fin mars, Cardio3Biosciences publiera les résultats sur le C-Cure, un traitement souche contre les malaises cardiaques.
- Au troisième trimestre, TiGenix publiera de nouveaux éléments sur la base desquels il sera décidé si le remède contre les fistules périanales pourra être mis sur le marché.