"Si je devais résumer ces chiffres, je dirais que c’est encore moins bon que prévu". Julien Manceaux, économiste spécialisé dans l’immobilier (ING), s’attendait à ce que l’activité immobilière belge profite un peu plus longtemps des taux bas. Mais les données du SPF Économie à fin juin jettent un froid: après un quatrième trimestre 2010 exceptionnel, le nombre de transactions a brutalement chuté au premier semestre (-14 %), sous la norme habituelle des 30.000 acquisitions par trimestre.
"On s’attendait à ce que la correction vienne un peu plus tard mais là, ça s’est refroidi plus tôt que prévu et pour deux raisons: d’une part, pendant un an, on a matraqué les gens en leur disant que c’était le moment de contracter un prêt hypothécaire avant que les taux ne remontent, ce qui a poussé nombre d’acquéreurs à avancer leur projet. Cette réserve semble aujourd’hui épuisée. D’autre part, le taux fixe à plus de 10 ans à but d’achat est effectivement passé de 3,82 % fin 2010 à 4,12 % fin juin, selon les données de la BNB".
L’effet "taux" se dissipe
Or, quelques dixièmes de pour-cent, ça pèse lourd, même si, en marquant une pause dans le relèvement de ses taux, la Banque centrale européenne a donné un peu de mou aux candidats acheteurs… "Il y a trois mois, je vous aurais dit que les taux finiraient l’année à 4,5 ou 5 %, ce qui aurait impliqué une baisse de la capacité d’emprunt allant jusque 10 %. Maintenant, on sera plus probablement à 4,5 % mais ça réduit tout de même la force de frappe financière des acheteurs de 5 %".
Selon l’économiste, il y aura encore "d’autres trimestres sous les 30.000 transactions", mais cela ne devrait toutefois pas se poursuivre: "d’autres acheteurs viendront sur le marché".
Cette baisse de régime pèse sur les prix: en six mois, le prix du bien moyen a baissé de 0,7 %, à 206.180 euros. Et avec une hausse de 3,8 % en rythme annuel au premier trimestre, puis de 3,2 % au deuxième trimestre alors qu’elle était encore de 5,5 % au quatrième trimestre 2010, "on n’atteindra pas les 4 à 4,5 % attendus pour l’année 2011. On sera plutôt à 4 % voire en dessous. Tout cela n’est pas très encourageant".
Appartements en Wallonie: le couperet
Le gros de la baisse, surtout marquée au premier trimestre, se concentre dans les appartements, en particulier en Wallonie (-10 %!).
Bruxelles ne fait guère mieux, avec une progression des prix de l’ordre de 2,2 %, soit largement sous le niveau de l’inflation (passée à 4 % sur une base annuelle en juillet).
→ Une analyse nettement moins enthousiaste que celle du SPF Économie qui, dans son communiqué de presse, compare les prix de fin juin 2011 à ceux de fin juin 2010, ce qui lui permet de faire état d’une hausse de 3,7 % pour les maisons ordinaires, de 3,5 % pour les villas et de 3,5 % pour les appartements.