Dans les pages fonds de L’Echo, les fonds de capitalisation sont suivis de la lettre "c", tandis que les fonds de distribution sont suivis de la lettre "d". Au niveau international, les fonds de capitalisation sont accompagnés de la mention "acc." (accumulation), ceux de distribution de la mention "inc." (income ou revenu).
Le choix entre les deux variantes est avant tout personnel. Les investisseurs qui estiment important de percevoir un revenu régulier opteront pour un fonds de distribution, tandis que ceux qui souhaitent construire un patrimoine auront tendance à opter pour un fonds de capitalisation. Lors du réinvestissement automatique des dividendes ou des intérêts, ces investisseurs profitent il est vrai d’un effet boule de neige.
Mais il faut tenir compte également des différences en termes de fiscalité. Depuis le début de cette année, le précompte mobilier perçu sur les dividendes est passé de 25 à 27%. A la vente en revanche, un fonds de distribution n’est pas taxé, contrairement aux fonds de capitalisation, auxquels s’applique une taxe boursière de 1,32%. Cette taxe est cependant marginale par rapport à l’économie réalisée en évitant le précompte mobilier. Pour les investisseurs qui travaillent avec des montants supérieurs à 150.000 euros, la taxe boursière est encore plus insignifiante, puisqu’elle est plafonnée à 2.000 euros.
Rendement
Prenons l’exemple d’un épargnant qui investit 1.000 euros dans un fonds d’actions affichant un rendement moyen de 6% au cours des dix années suivantes, dont 3% de rendement du dividende. Avec la variante de capitalisation, le bénéfice net réalisé après dix ans se monte à 767 euros; pour le fonds de distribution, il se monte à 603 euros, soit une différence de 165 euros ou 16% de rendement supplémentaire. Dans cette simulation, nous avons simplement additionné les dividendes. Il est évident qu’un réinvestissement " intelligent " de ces dividendes réduit légèrement l’écart.
Plus faible est le rendement du dividende, moins important est le choix entre la variante de capitalisation et celle de distribution. Avec un rendement du dividende de 1% au lieu de 3% - et en tenant toujours compte d’un rendement annuel de 6% - la différence se réduit en effet à 42 euros sur dix ans.
Pour les fonds spécialisés dans des secteurs qui distribuent peu ou pas de dividendes, il peut être intéressant d’opter pour la variante de distribution. C’est le cas des fonds axés sur la biotechnologie et les mines d’or, où le rendement du dividende est parfois proche de zéro. Dans ce cas, il vaut donc mieux choisir la variante de distribution, qui permet d’éviter la taxe boursière.
La situation est différente pour les fonds d’obligations et les fonds mixtes, à cause de la taxe " Reynders " de 27% sur la plus-value des obligations au moment de la revente. Cette taxe s’applique aux fonds investis à hauteur de 25% minimum dans des titres à rendement fixe. Etant donné que la plus-value sur obligations est de toute façon taxée, il vaut mieux opter pour la variante de distribution, sans taxe boursière.
N’oublions pas que la taxe sur la plus-value suit le taux du précompte mobilier. Vu la situation budgétaire de la Belgique, il est possible que cette taxe soit à nouveau rehaussée dans les années à venir. Et ce que vous aurez encaissé d’ici là à un taux de 27%, nul ne pourra plus vous le reprendre.
Comparons un bon de caisse (paiement d’un intérêt) et un bon de croissance (intérêts capitalisés et versement à l’échéance). Ceux qui se font rembourser leur bon de croissance aujourd’hui doivent payer 27% sur la totalité des intérêts. Ceux qui ont pendant des années investi dans un bon de caisse n’ont payé la plupart du temps qu’un taux de 15 ou 25%.
Incertitude fiscale
L’incertitude fiscale qui règne dans notre pays peut aussi jouer un rôle au moment du choix. Que faire si le gouvernement décide tout à coup de taxer les plus-values sur les fonds d’actions? Actuellement, ces fonds sont les plus avantageux fiscalement.
Ceux qui détiennent un fonds de capitalisation depuis une dizaine d’années peuvent probablement compter sur une importante plus-value, potentiellement imposable. Souvenez-vous de la décision du gouvernement Di Rupo en 2013 d’étendre la taxe sur la plus-value des fonds d’obligations (à l’époque, à partir de 40% d’obligations) aux fonds sans passeport européen et de calculer cette plus-value rétroactivement jusqu’au 1er juillet 2008.
Ceux qui préfèrent éviter ce risque pourraient dès lors choisir de vendre leurs fonds pour les racheter ensuite. Dans ce cas, il faudra tenir compte des frais et de la taxe boursière.