(mon argent) – Le dollar n'est pas dans le creux de la vague de manière temporaire. Voilà ce que l'on peut déduire de l'avertissement lancé par la Chine à l'intention des Etats-Unis. "L'euro est une alternative au dollar", ont laissé entendre les autorités chinoises. Cette déclaration provient d'un pays qui a tout à gagner d'un dollar fort. La Chine possède en effet des emprunts d'Etat américains pour plus de 750 milliards de dollars (sur une réserve de change de plus de 1.000 milliards USD) et est fortement tributaire des Etats-Unis en ce qui concerne ses exportations.
Déficit budgétaire
Avec une telle déclaration, la Chine veut mettre la pression sur le gouvernement américain pour assainir ses finances publiques. Le déficit budgétaire américain, dépassant les 190 milliards de dollars, prend des proportions gigantesques (12% du PIB !!!). Ces dernières années, les Américains se sont montrés très laxistes en ce qui concerne les dépenses du gouvernement. Et la pression sur le budget n'a fait que s'accroître suite à l'injection nécessaire de quelques centaines de milliards de dollars pour venir en aide aux banques américaines, à l'industrie automobile et soutenir les plans de relance économique. En outre, la Réserve fédérale (Fed) a "dû" diminuer ses taux d'intérêt à 0% pour remettre l'économie sur la bonne voie. Au même instant, l'argent n'a cessé d'inonder les marchés, ce qui a aussi contribué à mettre la pression sur le dollar.
Mais selon Werner Wuyts, analyste chez Dierickx, Leys & Cie, ce ne sont pas les causes principales du déclin actuel. "La tension sur le marché s'est affaiblie et la crainte d'un effondrement globalisé a disparu. Cela a joué en défaveur du rôle de la monnaie des États-Unis en tant que refuge sûr. Les investisseurs ont délaissé le dollar et ont plongé vers des actifs un peu plus risqués. "
Par ailleurs, on craint que les États-Unis perdent leur notation AAA, puisque le gouvernement prend peu d'initiatives pour enrayer son déficit budgétaire. Cela signifierait que le dollar aura perdu sa qualification de "valeur de refuge" et que les obligations d'État existantes perdront de la valeur. Le gouvernement aurait alors encore plus de difficultés à éliminer le déficit budgétaire. "Je ne pense pas que cela arrive à court terme", affirme Wuyts. "Mais si les agences de notation veulent maintenir leur crédibilité, ils devront intervenir tôt ou tard."
Dangers pour les investisseurs…
A première vue, la faiblesse du dollar devrait offrir des opportunités pour les investisseurs. Comme l'affirme le dicton boursier, tout se qui est coté très bas finira par monter. Mais Wuyts prétend que ce dicton ne s'applique pas au dollar. "Le gouvernement américain fait des efforts considérables pour relancer l'économie, mais en fin de compte, cela ne peut que saper le dollar. D'ailleurs, qui peut dire avec certitude que le dollar ne restera pas bas au cours des 20 prochaines années?" Toutefois, l'analyste ne veut pas se risquer à une prévision. Selon lui, personne ne peut évaluer la direction que prendra le dollar et c'est précisément là que réside le risque pour les investisseurs privés. "Quand il s'agit d'actions ou d'obligations, vous pouvez vous fier aux super investisseurs qui ont résisté aux tourments boursiers depuis plus de 30 ou 40 ans. Mais je ne connais aucun agent de change qui ait presté aussi bien durant la même période".
L'analyste est un passionné des investissements en devises étrangères. Une monnaie n'est qu'un moyen d'échange sans aucune valeur ajoutée. "Je comprends que les gens en Afrique, en Russie ou en Amérique latine cherchent leur refuge auprès du dollar. Mais les investisseurs privés situés dans une région avec une monnaie forte comme l'euro, n'ont rien à y chercher", commente l'analyste.
En outre, Werner Wuyts trouve trop faible l'indemnité de risque pour des investissements dans le dollar. Depuis l'introduction de l'euro, le dollar a chuté de 40%, une perte plus importante que celle enregistrée par ceux qui ont investi sur la même période dans des actions. "Investir dans des actions est moins dangereux que d'investir dans le dollar", conclut l'analyste.
… et opportunités pour le consommateur
Si l'intérêt pour le dollar faible s'avère plutôt mince pour les investisseurs, le consommateur peut par contre en tirer profit. Par exemple, en voyageant aux États-Unis. Les voyages en avion sont devenus moins chers suite à la crise économique (et à la baisse des prix des carburants), et le dollar faible garantit aux Européens des achats de produits et services en dollar avantageux. Combinez cela avec les bas prix de l'essence et du logement, et vous en conclurez que les États-Unis constituent une destination relativement bon marché.
Cependant, mieux vaut le savoir: si vous importez des produits des Etats-Unis (des livres, des CD, des jeans, de l'électronique), vous devrez non seulement payer une taxe sur l'importation, mais également la TVA. Dans le cas de l'équipement électronique, n'oubliez pas que les appareils américains fonctionnent sur 110 volts et non sur 220 volts. Dans de nombreux cas, vous devrez acheter un adaptateur dans votre propre pays.