Mardi, l’agence d’évaluation financière Standard & Poor’s a annoncé une modification des notes de plusieurs banques européennes. S&P s’est notamment penché sur la situation des cinq plus grandes banques d’épargne du pays. L’agence de notation a relevé la note d’Argenta et a assorti le "rating" de KBC Banque et d’ING Belgique d’une perspective négative, ce qui signifie que la note de ces deux dernières est sous la menace d’une dégradation.
• Argenta bénéficie quant à elle désormais d’un rating "A-", contre "BBB +" auparavant, selon la méthodologie de S&P, ce qui représente une cote passant de 13/20 à 14/20. Cette amélioration est due à un meilleur ratio de capital de la banque d’épargne. En gros, Argenta a renforcé ses fonds susceptibles de couvrir une dégradation des conditions financières, ce qui la rend plus solide aux yeux de S&P. "Ceci confirme une nouvelle fois que sur le plan de la solvabilité, Argenta figure parmi les meilleures banques d’Europe", a commenté le patron d’Argenta, John Heller, par voie de communiqué. Une nuance toutefois: la nouvelle note de la banque est assortie d’une perspective négative, compte tenu des défis qui attendent encore le secteur financier européen.
• À ce sujet, deux autres banques belges ont vu l’agence S&P se montrer légèrement plus préoccupée à leur égard. KBC Banque et ING Belgique ont conservé leur rating "A", équivalent à une cote de 15/20, mais celui-ci est assorti, pour chacune des deux banques, d’une "perspective négative", alors que cet indice de l’évolution future attendue de la note était auparavant "stable". Ici, S&P explique que cette révision est due à un effet de la réglementation bancaire en Europe. Le Parlement européen vient d’adopter la directive de redressement et de résolution des banques (DRRB), qui prévoit que les créanciers devront désormais supporter une partie des passifs en cas de défaut d’une institution financière, avant toute intervention de l’État destinée à sauvegarder l’épargne des clients. Pour les créanciers des banques, la situation va donc devenir moins favorable qu’avec le filet étatique, ce qui explique la perspective négative dont S&P a affublé la note de plusieurs banques européennes, dont KBC et ING Belgique.
Guider l’épargnant
• Par contre, l’agence de notation n’a pas touché aux notes de BNP Paribas Fortis et de Belfius, lesquelles restent respectivement à "A +" (16/20) et "A-" (14/20), toutes deux toujours assorties d’une perspective négative inchangée. S&P explique qu’elle n’a pas modifié les perspectives de certaines banques "liées à un gouvernement" et qu’elle considère comme plus "résistantes" face à la nouvelle réglementation européenne. En effet, BNPP Fortis est détenu par BNP Paribas, lui-même propriété de l’État belge à hauteur de plus de 10%, ce qui en fait le premier actionnaire du groupe. Belfius reste quant à elle détenue à 100% par l’État. Pour ces deux entités, le filet de sécurité étatique reste donc d’actualité, même si les règles de résolution des banques ont été modifiées…
Ces changements sont l’occasion de rappeler que les notes des agences d’évaluation financière peuvent aussi guider l’investisseur ou l’épargnant dans ces choix.
On l’oublie parfois mais placer de l’argent sur un compte d’épargne revient à octroyer un prêt à une banque. Or, dans le monde de la finance, tout créancier prudent et diligent va vérifier la qualité de son débiteur avant de lui prêter de l’argent. Pour faciliter cette tâche, les agences d’évaluation financière se chargent de ce travail fastidieux en surveillant régulièrement la situation financière des banques, comme celle d’autres sociétés.
Certaines banques ont un profil assez risqué. NIBC Direct, dont les notes traduisent une cote de 11/20, est à la limite de l’investissement spéculatif, tandis que Credit Europe Bank (8/20) est clairement en catégorie spéculative. Banca Monte Paschi (6/20 et 12/20 selon l’agence) pose aussi question.