Cela fait maintenant trois mois que les taux d’intérêt des crédits hypothécaires ont entamé leur remontée, suivant l’évolution des taux longs belges qui ont grimpé de 100 points de base depuis leur plus bas de mai dernier. "Au début, les taux sont remontés doucement. Mais ces dernières semaines, le mouvement est plus violent", constate ainsi William Haesendonck, gérant chez VDV Conseil.
Dans un premier temps, la hausse a touché les crédits à taux fixe sur 30 et 25 ans. Mais depuis ce mois-ci, les crédits sur 20 ans sont également concernés. Par exemple, chez BNP Paribas Fortis, le 20 ans fixe est passé de 4,45 à 4,60% entre août et septembre. Chez KBC, il est aujourd’hui à 5,04%, contre 4,43% au début de l’année.
John Romain, le directeur d’Immotheker, a calculé qu’en moyenne, sur un capital emprunté de 200.000 euros, un emprunteur paierait aujourd’hui un peu plus de 6.000 euros d’intérêts supplémentaires comparé à ce qu’il aurait du débourser s’il avait emprunté en avril. Dans le même scénario, les mensualités sont passées de 1.188 à 1.214 euros…
Variable et… dangereux
En revanche, toutes les durées inférieures à 20 ans n’ont pas (encore) bougé. Un 15 ans fixe se négocie toujours aux alentours de 3,6%. Même constat pour les taux de base des formules variables, qui ont beaucoup moins augmenté que les taux fixes. Cependant, les indices de référence de la FSMA, sur lesquels se basent les banques pour réviser le taux des formules variables, repartent à la hausse. Ainsi, l’indice de référence A, celui qui est utilisé pour réviser les taux variables annuellement, est à son plus haut de l’année, à 0,210. Mais on est encore très loin du niveau de début 2012, où il pointait à 1,016. C’est pourquoi William Haesendonck choisirait actuellement un fixe 20 ans plutôt qu’un variable. "Car l’indice de référence est encore très bas. On risque donc d’avoir des hausses importantes d’ici un an. Cela serait dangereux, surtout pour les taux révisables chaque année", prévient-il.
Vers une baisse des prix?
La hausse des taux a naturellement une conséquence directe: la capacité d’emprunt des ménages diminue automatiquement. Si l’on garde l’exemple d’un capital emprunté de 200.000 euros sur 30 ans fixe, il faudrait aujourd’hui débourser près de 180.000 euros d’intérêts, contre 150.000 euros en avril. Leur capacité aurait baissé en moyenne d’un peu moins de 10% en quelques mois.
Ce facteur, ajouté à celui de l’exigence des banques sur la qualité de l’emprunteur, pousse certains observateurs à anticiper une baisse des prix de l’immobilier. "On assiste à une forte baisse de la demande en immobilier. Par exemple, par rapport à leur moyenne des dix dernières années, le nombre de transactions concernant les maisons en Région de Bruxelles-Capitale était en baisse de près de 12% au premier semestre de l’année", constate ainsi John Romain.
Cependant, il est également permis de relativiser, car étant donné la faiblesse des taux d’intérêts que procurent les comptes d’épargnes et le fait que ces derniers soient très bien fournis, le Belge dispose encore d’une bonne marge de manœuvre pour contourner la hausse des taux, vu qu’il a souvent l’occasion d’augmenter son apport initial.
Concurrence acharnée
Dans ce contexte, il est toutefois toujours possible de négocier son taux. D’autant plus qu’à la fin de l’année, la concurrence est rude entre les géants du crédit hypothécaire. Selon que les objectifs d’une agence aient été atteints ou non, elle pourra en effet se montrer plus ou moins agressive commercialement pour conclure un contrat, à l’approche de la clôture des comptes annuels.
Certaines banques qui auraient fait peu de volume au cours de l’année pourraient donc tout à coup se montrer moins gourmandes. Selon un observateur du secteur, BNP Paribas Fortis serait restée vraiment à la traîne au cours des premiers mois de l’année. Elle pourrait donc vouloir rattraper son retard.