Le moratoire sur les innombrables primes à l’énergie et au logement décrété par le gouvernement wallon à l’automne dernier a eu un effet explosif sur les demandes. Profitant de la dernière fenêtre pour espérer bénéficier d’un coup de pouce financier de la Région avant un gel des aides durant trois mois dès le premier janvier et un important toilettage des mesures, les candidats à l’investissement ont visiblement bien compris que l’ancien régime de primes serait d’application jusqu’à la toute fin de 2014. Résultat, ce fut la ruée en décembre! Début janvier, les premières estimations données par Paul Furlan (PS), le ministre en charge de l’Énergie, n’évoquaient pas moins de mille demandes introduites au cours de la dernière semaine de l’année. On était visiblement bien loin du compte. Paul Furlan est revenu cette semaine devant le Parlement avec des chiffres plus affinés.
Durant le mois de décembre, "près de 13.000 dossiers de demande de primes (pour des travaux réalisés et facturés en 2014) et plus de 4.000 demandes pour bénéficier des mesures transitoires ont été réceptionnés par les deux départements", a dévoilé Paul Furlan, mardi, en commission. Cet afflux est assez exceptionnel, reconnaît le ministre, et sans comparaison avec le rythme normal qui n’était que de 250 dossiers par mois.
Par ces chiffres, Paul Furlan entend faire taire les critiques du secteur de la construction, qui estimait que ce moratoire allait mettre à mal leur carnet de commandes. "Nous pouvons rassurer le secteur de la construction: le carnet de commandes des entreprises est rempli."
Embouteillage
Cet emballement des demandes a cependant ses revers. Les citoyens qui se sont précipités pour profiter des dernières possibilités avant les modifications annoncées par le ministre vont devoir patienter. À l’administration, c’est l’embouteillage! "Il y a un certain nombre de retards d’encodage des dossiers au niveau de l’accusé de réception", reconnaît Paul Furlan. Mais, "c’est en voie de résorption."
Si le ministre veut rassurer en affirmant que son administration met tout en œuvre pour limiter les délais au niveau des traitements des dossiers, il demande que les services chargés des paiements aux citoyens en fassent de même. "Pour le citoyen, ce n’est pas seulement le délai de traitement au sein de mon administration qui compte, mais le délai de paiement. Il faudrait s’assurer que dans l’administration qui procède au paiement, on puisse compacter cela au sein d’un seul et même délai."
Pour la suite, le ministre espère boucler sa réforme avant le salon Batibouw, fin février. Les grandes lignes sont déjà tracées. "Il est prévu de moduler davantage le montant des primes en fonction des revenus. Les plafonds de revenus appliqués au régime des primes permettront aux ménages — ce que je vise sont les ménages à revenus moyens — de bénéficier de ce type d’aide." Le gouvernement entend également limiter les primes. Il en existait 60! Revues à la baisse, elles seront réparties en trois familles: "rénovation du bâti", "économie d’énergie" et "accès à la propriété".
L’opposition a déjà annoncé qu’elle sera vigilante. "Il ne faudrait pas que l’on ait comme premier objectif une politique sociale. Ne perdez pas de vue l’objectif premier qui est l’amélioration énergétique", estime le député Georges-Louis Bouchez (MR).