Si la piétonnisation des boulevards centraux de Bruxelles entre la place De Brouckère et la Bourse est toujours à l’état de projet, la "dépiétonnisation" de la rue Neuve, elle, est d’ores et déjà réelle. Et le fait que cette "dépiétonnisation" intervienne alors même que l’habitat revient à la rue Neuve n’est pas le moindre des paradoxes.
Les locaux de l’ancien Sarma de la rue Neuve ont été rachetés il y a quelques années déjà par un duo de promoteurs, Maurice de Montjoye (ex-Louis De Waele) et Marc Uytersprot qui, avec le concours des architectes Guillissen et Roba, ont créé au cœur même du complexe une rue intérieure perpendiculaire à la rue Neuve, question d’amener la lumière naturelle dans ce qui était un bloc en béton de 60 m sur 100.
Malheureusement le chantier a été victime d’un incendie, mais finalement tout est rentré dans l’ordre et, dit Maurice de Montjoye, "les 96 appartements du complexe ont été vendus en six mois à des investisseurs". C’est la preuve, poursuit le promoteur, que "quelque chose est vraiment en train de changer au centre même de la ville."
Aujourd’hui, dit-on chez Optima Global Estate, le courtier chargé de la mise en location des appartements (1 ch, 2 ch et quelques 3 ch, plus une trentaine d’emplacements de parking en souterrain) " 39 logements ont trouvé occupant, soit que nous ayons trouvé un locataire, soit que le propriétaire l’ait fait lui-même ou qu’il ait décidé d’occuper son bien ". En quelques mois, ce sont donc 40 % des logements du complexe, baptisé " Plata Nueva ", qui ont trouvé occupant.
Le directeur financier d’Optima Global Estate, Jan Gillis, confirme: "Nous avons trouvé assez vite les investisseurs qui étaient prêts à acheter ces logements. Ce sont généralement des acheteurs qui étaient déjà clients chez nous."
La Ville de Bruxelles voit tout cela d’un très bon œil. "Nous avons d’ailleurs été accueillis à bras ouverts", assure Maurice de Montjoye. Lors de la présentation du projet, en avril dernier, Geoffroy Coomans, l’échevin de l’Urbanisme de la Ville de Bruxelles, avait confié à nos confrères du quotidien La Capitale que ce complexe "correspond(ait) tout à fait à notre philosophie en montrant que cette rue n’est pas morte."
Elle n’est pas morte, mais il s’en est fallu de peu. Il faut bien reconnaître que les 45.000 personnes qui l’arpentent tous les jours s’évanouissent dans la nature – ou plutôt dans la périphérie - le soir et le dimanche venus. Plus de 70 % des bâtiments de cette rue commerçante – la plus fréquentée et la plus chère du pays avec le Meir d’Anvers – sont vides de tout habitant.
Le succès d’un projet comme le " Plata Nueva " et le fait que les voitures puissent à nouveau circuler et stationner rue Neuve favorisent le contrôle social, donc la sécurité des personnes et des biens – ce que souhaitent d’ailleurs les autorités de la Ville.
Les loyers annoncés par le courtier Optima Global Estate vont de 700 EUR par mois pour un appartement 1 ch à 1.235 EUR par mois pour les plus grands logements avec terrasse (plus charges communes de maximum 100 EUR par mois, peut-on lire sur Immoweb).