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"Beaucoup d'investisseurs manquent d'éducation financière"

Une étude le démontre: les investisseurs peu expérimentés agissent de manière émotionnelle. Par manque d’éducation financière, principalement.
©EPA

Qui ne s’est jamais dit: "Je vais encore conserver un peu cette valeur, même si le cours est en train de baisser. On ne sait jamais, il pourrait repartir à la hausse". Si vous êtes dans le cas, cela veut dire que vous êtes sujet à l’effet de disposition, un concept bien connu des théoriciens de la finance comportementale. En d’autres termes, il s’agit de la propension des investisseurs à vendre trop rapidement leurs valeurs "gagnantes" et à conserver leurs valeurs "perdantes" le plus longtemps possible. Un comportement principalement émotionnel.

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"Une valeur en hausse a 50% de chance en plus d’être vendue."
Catherine D’Hondt,
Professeur à l’UCL

Catherine D’Hondt, professeur à la Louvain School of Management de l’Université Catholique de Louvain (UCL), supervise actuellement une thèse sur la manière dont "tradent" les investisseurs de Keytrade Bank. L’étude s’étend sur une période de 12 ans (2000-2012). Et le constat est déjà clair: une valeur en hausse a 50% de chance en plus d’être vendue qu’une action en baisse. Un quart des investisseurs serait concerné. Mais ce sont bien entendu les investisseurs les moins expérimentés qui sont le plus touchés par ce phénomène. "Une telle étude nous permet de confirmer des hypothèses que nous pressentions au quotidien, commente Thierry Ternier, CEO de Keytrade Bank. Beaucoup d’investisseurs manquent cruellement de connaissances en matière de trading. Et c’est donc à nous de les éduquer, de leur apprendre même les bases des marchés boursiers". En comparaison, les particuliers qui demandent conseil auprès de leur agence sont moins influencés par ce type de comportement.

Plus surprenant, les investisseurs savent, inconsciemment ou non, s’ils sont plus sujets à cet effet de consolidation. En effet, lors des tests Mifid (tests servant à déterminer le profil des investisseurs, NDLR), les personnes doivent indiquer si elles ont correctement connaissance du fonctionnement des marchés. Et en analysant les réponses, l’étude montre que les investisseurs qui se déclarent d’eux-mêmes peu expérimentés sont bien les plus touchés. "Cela prouve la pertinence des tests Mifid", se réjouit Catherine D’Hondt.

Autre constat, les actions financières sont les valeurs les plus sensibles à cet effet de disposition. En les comparant à celles des autres secteurs, l’étude démontre que le phénomène y est exacerbé. Lorsque l’effet de disposition diminuait en général, celui-ci baissait drastiquement pour le secteur financier. Les investisseurs sont en effet plus sensibles à l’actualité financière depuis la crise de 2008. Crise qui a d’ailleurs quelque peu modifié la façon dont les particuliers investissent en Bourse. Selon Catherine D’Hondt, l’effet de disposition a vu son impact diminuer ces dernières années. Les investisseurs laisseraient davantage leurs valeurs "gagnantes" prospérer, se concentrant plus sur leurs actions "perdantes".

En tout cas, l’étude n’est pas encore terminée que déjà les agences de trading et de contrôle se disent très intéressées par les résultats. "L’intérêt à présent est de savoir si cette sensibilité à l’effet de disposition est à mettre en lien avec les mauvais résultats des investisseurs", conclut Thierry Ternier.

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Et vous, dans quel type d'action investissez-vous le plus?

Catherine D'Hondt a dirigé une seconde étude sur les actions et plus particulièrement sur la composition du portefeuille d'investissement des Belges. Pour les 30.000 investisseurs interrogés, leur portefeuille est composé de plus de 40% de valeurs belges, plus ou moins 30% de valeurs américaines, suivies par les actions françaises, hollandaises et allemandes. Des chiffres qui surprennent Thierry Ternier, CEO de Keytrade Bank.

"C'est peu par rapport à ce qui se passe chez nos voisins. Aux Pays-Bas ou en France par exemple, le portefeuille des investisseurs est composé à hauteur de 95% d'actions locales". Une des explications serait que le marché belge est trop petit, avec peu de liquidité.

En ce qui concerne la valeur boursière des entreprises dans lesquels les Belges investissent, plus de 40% d'entre elles sont des large caps, 20% des mid caps et moins de 20% sont des small caps.

Selon Catherine D'Hondt, ce sont principalement des investisseurs moins expérimentés qui parient sur des small caps. Au fil du temps, les small caps sont délaissées au profit d'entreprises plus imposantes. En outre, les investisseurs qui souscrivent à des services de conseil auprès de leur agence de trading ont moins tendance à se tourner vers les small caps.

Enfin, les investisseurs les plus expérimentés se détournent progressivement des actions pour d'autres classes d'actifs.

[Consultez l'auteur de cet article sur Twitter en cliquant ici]

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