(mon argent) – Voici la version complète du proverbe boursier sans doute le plus connu: "Sell in May and go away, but always remember to come back in September". Les professionnels ont l'habitude de le ressortir chaque année, à l'approche du mois de mai. Diverses études ont établi son bien-fondé: les investisseurs avaient en effet intérêt à quitter le marché au mois de mai pour racheter des actions à l'automne.
Mais même si les chiffres sont là, il convient de nuancer. D'abord, la formule ne tient pas compte des frais de transaction qu’entraîne la vente de mai. Ensuite, l'adage l’oublie, c'est très souvent au mois de mai que les dividendes sont distribués. Si les rendements liés au cours des actions reculent légèrement à la fin du printemps, les dividendes n'y sont pas étrangers.
Dividendes
Si nous revenons sur la performance moyenne de l'indice Bel20 depuis 1991, nous constatons des tendances très différentes selon que les dividendes sont pris en compte ou non. Sans les dividendes, le Bel20 perd en moyenne 0,1% en mai. Compte tenu de la rémunération des actionnaires, le rendement moyen grimpe à 1,3%. Cela fait même de mai le troisième meilleur mois sur les 20 ans d'histoire du Bel20.
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Quant à revenir sur le marché en septembre, ce n'est pas toujours une bonne idée non plus. Historiquement, septembre est de loin le mois le moins bon. En moyenne, sur ces 20 dernières années, l’indice Bel20 a perdu 1,4% en septembre, dividendes compris. Faut-il donc adopter une nouvelle version du proverbe, comme "Sell in June, come back in October"? Peut-être. Si le troisième trimestre est le pire de tous, il offre néanmoins un bénéfice moyen de 0,8%.
Actions américaines
Les tendances ci-dessus se confirment dans les autres indices boursiers, notamment le S&P 500 américain. Compte tenu des dividendes, entre 1990 et 2011, mai arrive au troisième rang des meilleurs mois boursiers. À l’inverse, septembre se classe à la quatrième place en partant du bas. Pour les actions américaines comme pour les nôtres, le troisième trimestre est le plus mauvais.
Méfions-nous donc des vérités boursières populaires. "La formule est peut-être vraie pour ceux qui ont toujours appliqué cette stratégie dans le passé, mais il faut remettre les choses dans leur contexte. On peut aussi se noyer dans une rivière d'une profondeur moyenne d’un mètre", explique Danny Van Quaethem, de Société Générale Private Banking. Un exemple? En 2009 et en 2010, c’est au troisième trimestre que le Bel20 s’est comporté le plus brillamment. Il est vrai que les investisseurs doivent tenir compte d'une baisse d'activité estivale, mais cela ne veut pas dire que les actions ne rapportent rien durant cette période.
Un bon été pour les actions?
L’effet "Sell in May" mis à part, comment vont les Bourses? "Nous restons positifs en ce qui concerne les actions, répond Danny Van Quaethem. Nous ne voyons pas de raison particulière de vendre ou de désinvestir en mai ou alentour. Certains augurent la fin prochaine de la hausse boursière, mais nous n'y croyons pas." À l’appui de ses dires, D. Van Quaethem invoque plusieurs éléments positifs. "D'abord, l'économie mondiale se redresse lentement mais sûrement. Les pays émergents restent un formidable moteur de croissance. Les entreprises se sont adaptées très rapidement, sortant renforcées de la crise. Les bilans sont solides, voire très solides, les liquidités abondantes, et au stade actuel, on n’observe pas encore d'acquisitions à des prix démesurés. Enfin, les résultats du deuxième trimestre sont excellents, et l'appréciation reste raisonnable sur le marché des actions", conclut D. Van Quaethem.