Le ministre wallon de l’Energie, Jean-Marc Nollet a promis que le nouveau régime de soutien au photovoltaïque serait "rentable". Mais il le sera sans doute moins que l’actuel...
Pour faire face à l’explosion des coûts du système des certificat verts, le gouvernement veut allonger les délais d'amortissement du photovoltaïque, calibrer l'aide en fonction des revenus du ménage, diminuer le taux de rentatilité des installations et concentrer le système sur celles qui couvrent les besoins en électricité des ménages en excluant les "productions spéculatives".
Les installations de petite puissance bénéficieront à l’avenir d’un "soutien global garanti", indiquaient jeudi les journaux SudPresse sur la base d’une note que le ministre doit déposer au gouvernement wallon.
Concrètement, les ménages qui placeront des installations ne dépassant pas 10 kW bénéficieront de ce soutien pendant 7 à 9 ans, selon le niveau de leurs revenus. Une "contribution certificats verts" correspondant à la différence entre le soutien global garanti et le coût évité grâce à la production d'électricité sera attribuée. Le gestionnaire de réseau corrigera la consommation annuelle estimée du client et déterminera ainsi cette contribution certificats verts. Informé, le fournisseur corrigera aussitôt les acomptes du client.
Le régulateur wallon (CWaPE) qui éclaire le gouvernement sur les enjeux de la politique énergétique régionale évoque comme raisonnable un retour sur investissement global de 7 ans, contre 4 à 5 ans actuellement, grâce aux seuls certificats verts. Sans prendre en compte l’impact d’une moindre consommation grâce aux compteurs tournant à l’envers.
La rentabilité actuelle du photovoltaïque
Actuellement, une installation classique de 6 kWc, facturée entre 10 et 15.000 euros (+ TVA de 6 ou 21%), promet un rendement de 5 MWh par an, qui rapportera 250 certificats verts au prix plancher de 65 euros sur une période de 10 ans, soit 16.250 euros! Grâce à son compteur qui tourne à l’envers, le producteur particulier peut en outre escompter une économie sur sa consommation personnelle de 5MWh par an, soit 1.000 EUR par an… ou même plus plus si le kWh dépasse les 20 cts.
D’un strict point de vue financier, il y a donc urgence… à profiter de l’aubaine. Même si ce sera à gros frais pour la collectivité.
Bien que déjà revues à la baisse par rapport au plan Solwatt initial du ministre André Antoine, les conditions actuelles de soutien ne s’appliquent cependant qu’aux installations qui auront été commandées avant le 31 mars prochain, moyennant acompte de 20%. Et pour autant que la réception conforme de l’installation par l’organisme de contrôle agréé RGIE intervienne dans les six mois à compter de la date de décision d’investir. La précision a son importance si la surcharge du carnet de commandes qu’on pressent pour l’instant à l’occasion de Batibouw freine les installations.
Et la date du 31 mars est elle-même sujette à caution. Jean-Marc Nollet n’a pas caché son intention d’anticiper l’entrée en vigueur du nouveau régime. Le gouvernement wallon peut donc changer la donne à tout moment.
On risque en effet d’assister à un rush par effet d’aubaine, dans l’appréhension d’un régime moins favorable. Fin 2010, à la veille d’une première réforme à la baisse, on avait enregistré en un mois autant de nouvelles installations qu’en un an.