Ce mois-ci, six banques parmi lesquelles Record Bank, le Crédit Agricole et Centea, ont déjà annoncé qu’elles réduisaient la rémunération de leurs comptes à terme et bons de caisse. C’est étonnant, car les taux à long terme, qui sont déterminants pour les taux des comptes à terme et des bons de caisse, sont relativement stables. Pour des durées de un à dix ans, les taux belges à long terme sont toujours plus élevés qu’en début d’année, malgré un léger tassement.
L'argent réinvesti est moins bien rémunéré qu'avant
Ces baisses soulèvent d’autres questions: les observateurs du marché pensent que les taux ont désormais atteint leur niveau plancher. "La faiblesse persistante des taux à long terme met les marges des banques sous pression", explique l’économiste en chef d’ING, Peter Vanden Houte. Les investissements les plus anciens, placés à des taux plus élevés viennent à échéance. L’argent doit dès lors être réinvesti aux taux actuels, qui sont nettement plus bas. "Cela fait trois ans que les marges sont sous pression", se défend ainsi Centea. "Même après la baisse de nos taux, nous offrons encore 2,05% sur les bons de caisse et comptes à terme à cinq ans, alors que le taux du marché correspondant atteint à peine 1%. Cela fait déjà un certain temps que les taux à terme sont trop élevés, mais nous sommes obligés de tenir compte des taux offerts par nos concurrents."
Argent bon marché
Le problème dépasse la simple question des marges. "Les banques doivent en effet se conformer aux exigences plus strictes en matière de capitaux. Et cela coûte de l’argent. De plus, la plupart d'entre elles se sont repliées sur les activités bancaires traditionnelles, c’est-à-dire, collecter l’épargne et octroyer des crédits, ce qui exige des marges plus importantes", explique Stéphane Vermeiren, le patron de Rabobank.be. Mais contrairement à la situation d’il y a quelques mois, les banques ne dépendent plus autant des épargnants individuels pour financier leur modèle opérationnel. Les primes de risque ont sensiblement baissé. Elles peuvent donc par exemple émettre des obligations à des conditions avantageuses. Or, une banque qui réussit à trouver de l’argent sur les marchés financiers à un coût relativement bas a moins tendance à gâter ses investisseurs à long terme en offrant des taux généreux. "On trouve suffisamment de sources de financement bon marché, comme les prêts de la Banque Centrale Européenne pour le financement des entreprises. Par comparaison, collecter les économies des particuliers coûte relativement cher", explique Vermeiren.
L’immobilisme des épargnants fait aussi le lit des taux bas. "Quelle est la sensibilité des épargnants à long terme aux baisses de taux? Certaines banques tiennent le raisonnement suivant: ceux qui épargnent à long terme continuent à préférer les comptes à terme et les bons de caisse, même avec des taux bas. Et avec une hausse des taux, on arrive à peine à attirer des nouveaux clients", explique Marc De Moor, membre de la direction d’Argenta.
Batibouw
Le compte à terme offre à peine plus qu'un compte d'épargne
Ce n'est certainement pas pour son rendement que les épargnants doivent choisir un compte à terme. Même un produit d'une durée de 10 ans qui offre en principe le taux le plus élevé rapporte à peine plus qu'un compte d'épargne. Avec son taux brut de 3,5%, NIBC Direct est la banque la plus généreuse pour les produits à dix ans. Après le paiement du précompte mobilier, cela laisse 2,63% à l'épargnant. Un compte d'épargne avec prime de fidélité élevée rapporte, dans la même banque, 2,45%. Une différence minime qui n'est absolument pas proportionnelle à la durée de l'investissement, alors que l'épargnant est privé de son argent, bloqué sur le compte à terme.