(mon argent) – Le tremblement de terre a forcé l’arrêt de plusieurs lignes de production et la fermeture d’usines, et certaines entreprises ont vu certaines de leurs antennes englouties. La société spécialisée dans l’analyse des risques AIR estime les dégâts causés par le tremblement de terre entre 14,5 et 34,6 milliards de dollars, le coût du tsunami et d’une catastrophe nucléaire éventuelle non compris. "Une catastrophe naturelle détruit de la valeur économique mais ne freine pas forcément la croissance. C'est seulement lorsque le sentiment est totalement négatif et que la confiance du consommateur bat de l’aile que la récession menace", nuance Philippe Gijsels, stratège chez BNP Paribas Fortis.
La plupart des économistes ne s’inquiètent pas vraiment des perspectives économiques au Japon. "L’activité va forcément se replier à court terme. Mais pendant la phase de redressement et la reconstruction de l’infrastructure, l’économie retrouvera le chemin de la croissance", affirme Shogo Maeda du gestionnaire de patrimoine Schröders. Pour l’investisseur occidental, l’impact de la catastrophe pourrait être plutôt limité. Le Japon est, c’est vrai, un important acteur économique, mais son économie n’a plus le rôle de moteur de croissance international qu’il avait autrefois. Lors du sommet économique des années 80, les actions japonaises représentaient près de 40% des indices mondiaux, aujourd’hui environ 10%.
Pour d’autres classes d’actifs, les conséquences peuvent être plus importantes:
Actions des (ré)assureurs sous pression
La catastrophe met sous pression les (ré)assureurs. Outre les assureurs japonais, plusieurs compagnies internationales sont actives dans le pays. Elles représentent cependant un part limitée du marché et réassurent leur exposition afin de limiter les risques. Moody’s cite notamment Chartis, Allianz et Zurich. Pour les réassureurs également, les charges sont appelées à augmenter sans cesse et selon Moody’s, en termes nominaux, celles-ci seront les plus lourdes pour les principaux acteurs internationaux tels que Munich Re, Swiss Re, Hannover Re et Berkshire Hathaway.
Yen plus vigoureux
Gijsels prévoit également une appréciation de la devise japonaise. Les injections financières de la banque centrale (qui représentent déjà 130 milliards d’euros) affaiblissent le yen, mais parallèlement, la devise devrait être renforcée par la vente d’actifs internationaux et les réinvestissements dans le yen destinés à soutenir la reconstruction. C’est une mauvaise nouvelle pour les entreprises japonaises largement dépendantes des exportations, comme les producteurs de voitures ou de jeux vidéo.
Pétrole plus cher
À court terme, les problèmes d’électricité au Japon pourraient donner lieu à une hausse des cours pétroliers. "A long terme cependant, il est peu probable que le Japon abandonne le nucléaire. Cette énergie peut compter sur le soutien d’une large proportion de la population, tout simplement car le pays a peu d’autres alternatives. Le Japon est trop petit pour installer des panneaux solaires et des éoliennes. Et en matière de combustibles fossiles, il est trop largement dépendant des importations", affirme Gijsels.