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Quel fonds obligataire choisir?

Il y a deux semaines, Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne, a laissé entendre qu'il prendrait des mesures pour combattre le risque de déflation, ce qui a fait baisser les taux des obligations. On saura ce jeudi s'il tient ses promesses et si les investisseurs peuvent espérer de nouvelles plus-values.
©Thierry du Bois

Début 2013, de nombreux stratégistes mettaient les investisseurs en garde contre un krach obligataire, mais ceux qui ont malgré tout conservé leurs fonds d’obligations ne vont certainement pas s’en plaindre. Sur les douze derniers mois, la plupart des fonds obligataires émis en euros affichent un rendement de plus de 8%.

En août de l’an dernier, le taux belge à long terme atteignait un plancher record de 2,8%, ce qui faisait dire à bon nombre d’observateurs qu’il ne pourrait pas descendre beaucoup plus bas. Depuis lors, il a pourtant encore baissé de 50%, pour se situer à 1,23%. La baisse des taux fait monter le cours des obligations existantes, dont le coupon est plus élevé que les nouvelles obligations, émises à des taux très faibles. Les investisseurs sont donc prêts à payer un prix plus élevé pour obtenir ces "anciennes" obligations, au coupon plus généreux. "Une grande partie du rendement engrangé l’an dernier par les fonds obligataires était en effet essentiellement le fait d’une hausse de leurs cours", explique Johnny Debuysscher de Petercam Asset Management.

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Potentiel limité

L’évolution des taux déterminera si ces hausses pourront continuer sur leur lancée, mais pour les gestionnaires, le potentiel semble limité. "Nous ne voyons pas les taux continuer à baisser, parce que nous croyons à une reprise de l’économie de la zone euro, qui devrait profiter de la forte croissance aux États-Unis, des nombreux stimuli de la Banque Centrale Européenne, et de la récente dépréciation de l’euro", explique-t-on chez KBC. Koen Van de Maele de Candriam croit également qu’au cours des douze prochains mois, la probabilité d’une hausse des taux est plus élevée que celle d’une baisse. "La baisse du cours de l’euro, entre autres choses, devrait relancer l’économie européenne, et éviter la déflation", explique-t-il.

Les investisseurs doivent-ils craindre un krach des obligations sous l’effet de la hausse des taux? Johnny Debuysscher n’y croit pas: "Je préfère parler d’une phase de consolidation des taux", poursuit-il. Erwin Deseyn, stratégiste auprès de Capitalatwork, ne veut pas davantage entendre parler de ventes sous l’effet de la panique. "On ne peut bien entendu pas exclure une hausse de 50 points de base, qui impliquerait une perte de 4 à 5% sur l’investissement. Mais faut-il pour autant vendre et ensuite racheter? Il faut aussi se poser la question des alternatives: le cash ne rapporte rien, et les actions sont plus risquées", explique Deseyn. Pour lui, il est clair que les investisseurs ne doivent pas s’attendre à des rendements extraordinaires. "Les investisseurs doivent surtout regarder la réalité en face. Si dans cinq ans, vous analysez rétrospectivement votre obligation sûre en euros, vous devrez être content avec des rendements de 1 à 1,5% par an, qui sont aujourd’hui courants sur le marché des taux", poursuit-il.

Ceux qui envisagent de monnayer la belle prestation de leur fonds obligataire, doivent aussi tenir compte de la taxe sur les plus-values. Cette taxe — un précompte mobilier de 25% — est prélevée sur les plus-values enregistrées par la partie obligataire du fonds. Même si les méthodes de calcul peuvent varier, dans la plupart des fonds obligataires, la taxe porte sur la quasi-totalité des plus-values. En d’autres mots, si vous avez acheté un fonds obligataire pour 100 euros et que vous le vendez pour 110 euros, vous percevrez une plus-value de 7,5 euros.

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Diversification

Dernière question: si quelqu’un souhaite investir aujourd’hui dans des obligations, quels sont les fonds conseillés par les gestionnaires? "Je conseillerais un portefeuille d’obligations diversifiées sur le plan international. Il est très important de répartir les fonds tant sur le plan des débiteurs et des devises que des échéances", explique Johnny Debuysscher. Erwin Deseyn renchérit: "Surfer sur la baisse des taux comme nous avons pu le faire depuis 1981 appartient au passé", estime-t-il. "Le stock picking est devenu beaucoup plus important. Je conseillerais à tout le monde de miser sur un portefeuille obligataire international. En dehors de la zone euro, il existe encore de nombreuses possibilités. Par exemple, les obligations souveraines australiennes offrent encore un rendement de 3,5% par an", conclut-il.

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