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Savez-vous dans quoi votre fonds investit?

Depuis le 1er juillet il est interdit de vendre en Belgique des produits financiers qui investissent dans des actifs illiquides comme les matières premières et les Bitcoins. Cette interdiction frappe les fonds depuis longtemps. Ces produits sont déjà soumis depuis des années à des règles strictes.
©Photo News

Le 1er juillet 2014, l’autorité de contrôle — la FSMA — a publié une réglementation qui interdit la commercialisation de certains produits exotiques dans notre pays, comme les "life settlements" (rachats d’assurances-vie) et les dérivés de monnaies virtuelles (Bitcoins). D’autres produits d’assurance et obligations structurées, dont le rendement dépend d’actifs tels que les matières premières, les œuvres d’art et certains produits de consommation comme le vin ou le whisky, sont également concernés. Cette interdiction s’explique par le caractère spéculatif de ces produits, qui les rend illiquides et difficiles à évaluer par des clients non professionnels.

Les fonds d’investissement réglementés ne devraient pas trop souffrir de cette interdiction. Ils doivent en effet depuis longtemps répondre à des règles très strictes, notamment en matière de diversification. Un fonds ne peut par exemple jamais investir plus de 10% de ses avoirs dans un seul actif. Et l’ensemble des positions représentant entre 5 et 10% des investissements ne peut dépasser 40% des actifs sous gestion du fonds. Concrètement, cela signifie que si un fonds contient quatre actions représentant chacune 10% des actifs, les 60% restants doivent être répartis sur des actions représentant chacune moins de 5% du fonds. Seule exception à cette règle: les fonds indiciels, qui peuvent investir plus de 10% dans une seule action.

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Une deuxième règle porte sur la nature des actifs. Les fonds avec passeport européen — qui répondent aux exigences de la directive européenne et peuvent donc être facilement commercialisés dans d’autres pays européens — ne peuvent investir que dans des classes d’actifs autorisées par la directive européenne UCITS. Il s’agit surtout de titres ou de valeurs liquides. Exit donc les matières premières, Bitcoins et autres actifs illiquides.

Les fonds sans passeport européen — parmi lesquels figurent par exemple ceux qui sont exclusivement destinés au marché belge — tombent sous le coup de la loi OPCA (Organismes de Placement Collectif Alternatifs). Sous cet acronyme on trouve tous les fonds non UCITS. Selon la loi, les actifs des OPCA ne peuvent être investis que dans des instruments financiers, liquidités, options et contrats à terme sur valeurs mobilières, devises et contrats sur indices boursiers. Ces fonds ne sont donc pas non plus autorisés à investir directement dans des matières premières ou des Bitcoins.

Crise

Ces règles strictes n’ont pas porté préjudice au secteur des fonds pendant la crise. Seuls quelques-uns des 30.000 fonds européens ont été confrontés à des problèmes de liquidité à l’automne 2008. Il s’agissait principalement de fonds monétaires trop concentrés sur des instruments de marché risqués. Cette protection n’autorise pas pour autant les investisseurs à se reposer sur leurs lauriers! Malgré ces règles strictes, certains fonds peuvent en effet accuser des pertes substantielles: en 2008, les fonds qui étaient exclusivement investis dans des actions financières ont beaucoup souffert, affichant des pertes pouvant atteindre 50%.

Fonds thématiques: prudence

Les fonds thématiques ne sont pas neufs. En 1950 déjà, les États-Unis lançaient des fonds sur le thème de la télévision; ils misaient sur le développement rapide des ventes de postes de télévision. Dans les années '90, on a vu apparaître les fonds internet, et au milieu des années 2000, les fonds investis dans les énergies alternatives. Plusieurs de ces fonds ont fini par mourir de leur belle mort, mais certains thèmes comme l'eau et l'or ont réussi à s'imposer.

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Il arrive aussi que la dénomination des fonds induise l’investisseur en erreur. C’est notamment le cas des fonds sur le thème de l’eau et de l’or. Contrairement à ce que leur nom laisse entendre, ils n’investissent pas directement dans ces secteurs. Les règles de protection ne les autorisent à investir que dans des sociétés cotées actives dans ces secteurs. Les fonds dépendent donc non seulement des prix des matières premières, mais ils sont également exposés aux risques liés à certaines sociétés. La plupart des entreprises concernées ne sont en outre pas actives à 100% dans les secteurs concernés. Cela offre malgré tout l’avantage de la diversification, et pour l’investisseur, c’est important.

Le gestionnaire d’actifs suisse, Pictet Asset Management propose en Belgique un fonds sur le thème de l’eau. "Nous avons pour ce fonds le choix entre 340 entreprises à travers le monde, dont au moins 20% du chiffre d’affaires, du fonds de roulement ou de la valeur intrinsèque peut être attribué au secteur de l’eau. Ces entreprises peuvent être actives dans un ou plusieurs sous-secteurs du cycle de l’eau, allant de l’épuration à la distribution. Notre fonds comprend entre 50 et 80 actions, dont les dix plus importantes sont dépendantes à 70% du secteur de l’eau", explique le gestionnaire.

Autre exemple: les matières premières. Ces fonds n’investissent pas dans l’or physique, mais principalement dans des mines d’or… qui sont totalement décorrélées de l’évolution du cours de l’or. "Notre fonds investit malgré tout également dans des fonds indiciels cotés qui investissent dans l’or physique, mais ces positions sont limitées", explique Blackrock, un autre gestionnaire de fonds. La firme américaine propose le Blackrock World Gold Fund. "Fin mai, ce fonds était investi à hauteur de 73% dans des entreprises impliquées dans le secteur de l’or. Les 27% restants sont répartis entre des entreprises actives dans le secteur de l’argent, du platine et du cuivre", explique le gestionnaire.

Si les fonds thématiques ont affiché de bons rendements ces dernières années, il faut néanmoins rester vigilant. Informez-vous au préalable sur les actifs dans lesquels les fonds investissent, et sur leur degré de dépendance par rapport au thème affiché.

 

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