(mon argent) - A tort, de nombreux postulants assimilent un trou dans leur CV à une véritable faiblesse. Source d’angoisses, cette période d’inactivité en pousse plus d’un à mentir. Pourtant, dans la plupart des cas, cette phase est vue comme une opportunité par les recruteurs.
D’ailleurs, Jacques Hermans, Manager Public Relations & Public Affairs chez Randstad, préfère éviter ce terme. "Il faut plutôt parler de coupure, d’interruption, de passage, ou encore, de transition. Je ne pense pas qu’il y ait des ‘vrais’ trous. Une période peut être critique ou pas du tout, cela dépend pour qui et pour quelles raisons".
Cela dit, pour d’autres recruteurs, il y a lieu de parler d’un 'trou' à partir de 3 ou de 6 mois d’inactivité. Mais ces périodes doivent être nuancées. "A moins d’être un étudiant fraîchement diplômé, on peut parler d’un trou à partir de 3 mois, surtout en début de carrière", lance Marc Vandeleene, PR & Communication Manager chez Manpower. "Toutefois, les recruteurs sont bien conscients qu’il n’est pas toujours évident de trouver un job dans sa branche", ajoute-t-il. Pour Thérèse Delhaye, Consultante pour Noesis Hr Consulting, une période creuse commence à devenir dramatique au bout du sixième mois.
Eviter les mensonges
Mais même si cette période est très longue, un seul mot d’ordre prévaut chez nos 3 experts en recrutement: assumer. Dès l’instant où un candidat ment, "c’est un signal pour le recruteur qui comprend qu'il a affaire à quelqu’un de peu fiable", estime Thérèse Delhaye. "Il faut jouer la transparence. Si le postulant essaie de camoufler la vérité, il risque de se contredire. A partir de là, la confiance avec le recruteur est instantanément rompue", renchérit Marc Vandeleene.
Et même si mentir peut être un acte simple à réaliser pour certain, "il ne faut jamais le faire car la vérité finit toujours par se savoir d’une manière ou d’une autre", prévient Jacques Hermans. "Au contraire, je pense que l’on peut toujours sortir grandi d’un souci. Au lieu de la cacher, il faut en faire spontanément état. Le candidat pourrait démontrer qu’il n’en était rien ou que ce n’était pas vraiment important".
S’expliquer
Il ne faut pas non plus à tout prix combler un trou en indiquant une période de maladie ou de chômage. L’entretien d’embauche est l’occasion d’aborder ce passage "et de transformer l’interruption en opportunité", conseille l’expert de Randstad. "Le postulant peut expliquer qu’il avait par exemple besoin d’un break dans sa vie pour des raisons personnelles ou familiales. Il peut expliquer que cette période de transition lui a permis de préciser ses envies, de déterminer le chemin qu'il souhaite prendre dans la vie", ajoute Thérèse Delhaye.
En outre, "il ne faut pas oublier que si vous êtes reçu par un recruteur, c’est avant tout parce qu’il est intéressé par votre projet et vos motivations. Son but n’est pas de juger votre passé mais bien de parier avec vous sur le futur", déclare Marc Vandeleene. Si l’inactivité du postulant trouve, par exemple, sa source dans un licenciement pour faute grave, c’est l’occasion de s’expliquer, tout en resituant le problème dans son contexte. "Il faut pouvoir démontrer au recruteur ce que vous avez appris de cette mauvaise expérience pour votre future carrière. Et surtout, il faut rester neutre vis-à-vis de son ex-employeur", explique Thérèse Delhaye. Elle conclut: "l’important maintenà ce stade, c’est de se projeter dans le futur".
5 conseils de nos experts
- Même si votre recherche d’emploi a pris des mois, il est important de pouvoir montrer au recruteur l’ensemble des démarches entreprises durant cette période. Même s’il s’agit d’un rôle actif dans un milieu associatif;
- Vous pouvez également vous entraîner à répondre à des questions sur votre inactivité avec un proche. Cela vous évitera de vous emmêler les pinceaux et de passer pour un menteur le jour J;
- Il faut aussi pouvoir présenter les choses positivement: soyez bref et factuel, rien ne sert de se perdre dans de longues explications. En toutes circonstances, restez vous-même et ne cherchez pas à jouer un rôle;
- Si vous avez voyagé et, par exemple, fait un tour du monde, surtout parlez-en. Présentez ce voyage comme un projet 'professionnel'. Vous avez dû analyser, étudier, programmer et préparer l’ensemble de ce trip. Vous avez dû faire preuve d’adaptabilité, de bon sens, de débrouillardise, de persévérance, etc.
- Enfin, si votre interruption était voulue – par exemple pour vous occuper de vos enfants – montrez que vous êtes resté à la page. Si ce n’est pas le cas, il serait sans doute envisageable d'entamer une formation et d’effectuer une petite remise à niveau de vos connaissances.