Le travail à temps partiel est la principale raison pour laquelle les femmes doivent se contenter en moyenne de la - petite - pension de 820 euros par mois. De leur côté, les hommes touchent en moyenne 1.400 euros. Car même si depuis 2001, le nombre d'hommes qui travaillent à temps partiel a doublé pour atteindre 10%, ce régime reste avant tout une affaire de femmes. En 2011, 1 travailleuse sur 2 n'avait pas de plein-temps. Souvent, les femmes font passer leur carrière au second plan pour s'occuper de leur famille. Dans certains cas, elles la mettent sur pause et parfois même, sur stop. Le phénomène des "cupcakemoms" - jeunes femmes qui choisissent en connaissance de cause de rester mères au foyer, laissant leur mari faire carrière - a fait son apparition dans notre pays.
Pension-on-web
"Les femmes doivent être sensibilisées aux conséquences du travail à temps partiel volontaire sur leur future pension", a répété cette semaine Vincent Van Quickenborne, ministre des Pensions, lors de la présentation du rapport annuel de l'Office national des pensions. Et on ne peut lui donner tort! Mais pour évaluer correctement ces conséquences, il faut savoir dans quelle mesure les choix de carrière influencent la pension. "Nous avons l'ambition de mettre en place un système de planification de carrière, un peu façon tax-on-web." Tom Meulenberghs, porte-parole, précise: "une application web permettant aux femmes, aux hommes et aux couples de simuler l'impact du choix de carrière potentiel de l'un ou l'autre partenaire sur la pension ultérieure."
Empiler des blocs
Chaque année que vous travaillez, vous construisez votre pension. "Votre pension, explique Geert Vermeir, collaborateur du centre de connaissances de SD Worx, est en quelque sorte une pile de 45 blocs." Le compte pension d'une carrière complète compte autant de blocs que d'années. "Chaque bloc représente un an de carrière. La dimension du bloc correspond aux droits de pension constitués pour l'année en question." Plus vous gagnez, plus le bloc est volumineux. Jusqu'à un plafond, bien entendu. Chaque euro gagné au-delà ne procure pas de droit de pension supplémentaire. Actuellement, ce plafond est proche de 50.000 euros.
Ce mode de calcul indique que la pension d'une personne qui, à un moment ou durant toute sa carrière, travaille volontairement à temps partiel, accumulera de plus petits blocs qu'une personne travaillant toujours à plein-temps. Une personne occupée à temps partiel ne pourra jamais se constituer la même pension qu'une personne occupée à temps plein. Même si la personne qui travaille à temps partiel gagne davantage que celle qui travaille à temps plein. En effet, pour le temps partiel, le plafond salarial s'applique de manière proportionnelle.
De trop petits blocs
Deux correctifs sont prévus pour éviter que la pension d'un travailleur à temps partiel ne soit trop maigrichonne. Mais des conditions y sont liées.
Les blocs annuels trop étroits seront d'abord "agrandis" jusqu'à une taille minimale. Si vous avez gagné trop peu pendant une année donnée, et donc constitué peu de droits de pension, vous bénéficiez malgré tout d'un droit annuel minimum, à condition que votre carrière compte au moins 15 ans, en ayant travaillé au moins un tiers de temps chacune de ces années.
Ensuite, dans certains cas, la pension dont vous bénéficiez est portée à hauteur de la pension minimum, proportionnellement à votre interruption de carrière. Il s'agit du nombre d'années que vous avez travaillé rapporté à une carrière complète de 45 ans. Pour bénéficier de cette pension majorée, il faut avoir travaillé au moins 30 ans à mi-temps.
Encore du crédit-temps?
Jusque récemment, la règle d'or pour celles et ceux qui voulaient travailler moins était la suivante: commencez par épuiser toutes les possibilités en matière de congés thématiques et de crédit-temps. L'intérêt de ces deux formules est qu'elles donnent droit à une prime du Forem ou d'Actiris qui compense (en partie) la perte de salaire. De sorte que ces périodes comptent pour la pension comme si vous étiez resté occupé à plein-temps.
La réduction du temps de travail via le congé parental ou le congé d'assistance est réservée aux seules personnes ayant des enfants ou un malade dans la famille. Les profondes modifications que le gouvernement Di Rupo a apportées à la fin de l'année dernière à la réglementation du crédit-temps visaient clairement à donner un coup d'arrêt à ce régime de plus en plus populaire. Mais même plus sévère, le crédit-temps reste possible.
Bon à savoir: depuis la fin du mois dernier, plusieurs questions techniques ont été résolues, qui remettent à égalité le droit au crédit-temps et celui à l'allocation de chômage. À moins que la donne change une fois encore, les personnes qui ont droit au crédit-temps peuvent se rassurer. La formule n'aura pas d'impact négatif sur la pension ultérieure.
Avec ou sans motif
Il existe désormais deux types de crédit-temps: avec ou sans motif.
Une personne au service de son employeur pendant au moins deux ans peut, selon le motif, bénéficier pendant 3 ou 4 ans d'un crédit-temps motivé avec allocation de chômage (voir tableau).
Si aucun motif ne peut être invoqué, reste la possibilité d'un crédit-temps non motivé. Mais pour cela, il faut avoir travaillé au moins 5 ans, dont deux auprès de votre employeur actuel. Le crédit-temps non motivé peut être pris pendant 12 "mois à temps plein" au maximum. C'est-à-dire, 12 mois à temps plein, 24 mois à mi-temps ou 60 mois à 1/5e temps. D'autres combinaisons sont envisageables. Par exemple, 6 mois à temps plein + 6 mois à mi-temps + 15 mois à 1/5e temps. Il faut savoir que ce maximum de 12 mois à temps plein vaut pour toute la carrière et non pour un employeur donné.
Vous ne pouvez pas prendre votre crédit-temps, avec ou sans motif, pendant un nombre de mois à votre convenance. Une durée minimale est liée à chaque motif (voir tableau).
Vous décidez par contre librement si vous prenez d'abord le régime motivé ou non motivé. D'une manière générale, on recommande de commencer par épuiser le crédit-temps avec motif et de se rabattre sur le non motivé une fois les autres options épuisées.