Les Tupperware, le Pape et Bart

Comment se fait-ce? Alors que le bon vieux vinyle a réussi à rester hype encore aujourd’hui, alors qu’Hugues Aufray, à l’âge de l’arthrite, s’en bat la hanche et chante encore Céline, les Tupperware, réputés ultrarésistants, ne passeront pas l’hiver.

L’entreprise a fait faillite. Ces boîtes seraient-elles victimes de leur qualité, comme ces grosses bougies Amnesty qui durent si longtemps qu’on n’en achète qu’une fois toutes les luttes? De plus, cette nouvelle tombe au moment où ces boîtes en plastique se révèlent si précieuses. Qu’aurait fait Emmanuel Macron sans Tupperware? C’est dans un "Freezer Mates" de Tupperware que la République française avait mis en conserve Michel Barnier. Le président l’a ressorti et réchauffé grâce au "TupperWave Stack Cooker". Et le miracle a opéré: tous les conservateurs constituant l’ADN de Barnier sont préservés. Aucun danger qu’une bactérie du Nouveau Front Populaire ne le contamine. Les Tupperware, c’est sûr, sont indispensables.

Chez nous, c’est sûrement dans le "Set Igloo" que Bart De Wever a dû ranger l’accord de gouvernement Vivaldi signé en octobre 2020, convenant d’"éviter, à l’avenir, que les formations de gouvernement s’éternisent, en prévoyant, par exemple, un délai officiel ou un mécanisme de déblocage".

Ajoutez à cela que toute idée de réforme institutionnelle a été rapidement placée dans le kit "Boîtes de congélation (jusqu’à - 25°!)" car Bart, promettant un gouvernement pour Noël, doit d’abord jeter dans le "mixeur-batteur-hachoir Supersonic Chopper Large" les programmes des cinq partenaires de la coalition Arizona pour en sortir une feuille de route assez digeste pour nous la servir sous le sapin! Hum…  Je sens qu’on finira par regretter la Vivaldi.

Face à l’effondrement d’un autre mythe, l’abbé Pierre, comment ne pas songer à toutes ces femmes qui ont eu le courage d’ouvrir d’un coup tous leurs Tupperware rangés dans un coin obscur où stagnaient leur effroi, leur honte et leur trauma? Et cela au moment où le pape François court au plus prêché pour éteindre l’autre colère, inextinguible, face aux scandales de ces prêtres qui ne jouaient pas qu’à un, deux, croix, piano avec leurs enfants de chœur. Il en faudra de l’encens durant les cérémonies pour dissiper de tous ces crimes leurs odeurs pestilentielles.

Et pendant ce temps, l’Abbé et les prêtrophiles, paissent-il en Ciel? Le Pape, avant d’écrire son homélie, pourra toujours méditer sur cette phrase d’Érasme: "C’est bien la pire folie que de vouloir être sage dans un monde de fous."

Tupperware. Quand je répète ce mot à voix haute, on dirait du franglais: "Tu perds war... Tu perds la guerre." Au fond, les Tupperware, c’est comme l'Église, ils n'ont pas su s'adapter au monde d'aujourd'hui. Produire en 2024 des bols en polyéthylène gangréné de substances toxiques…

Pourtant, il y avait des lendemains qui se préparaient à chanter pour ces boîtes en plastique grâce au mouvement "tradwife", né en Amérique, et qui débarque chez nous. Ce courant anti-féministe prône le retour de la femme au foyer dédiant ses journées à sa famille, à sa cuisine et prônant, j’imagine, le retour de François De Brigode au JT et de la speakerine avant le programme de la soirée. Du coup, les réunions non mixtes Tupperware auraient pu reprendre sur-le-champ avec, sur la table du salon, tous les modèles des boîtes hermétiques et, en bruit de fond, un vinyle des années 1960 diffusant du Hugues Aufray, évidemment. Hum... Ma sorcière bien-aimée, c’était drôle à regarder, mais de là à vivre dans la série!

En tout cas, un conseil, gardez vos Tupperware en bon état, demain, ils rapporteront plus que les bons d’État!