AB InBev, un géant trop gros pour nous?
Comment conserver un champion mondial.
La Belgique détient un champion mondial. InBev, le brasseur né de la fusion d’Artois et Piedboeuf en 1988, a changé de division depuis sa fusion avec les Brésiliens d’AmBev en 2004. Et depuis le rachat d’Anheuser Busch en 2008, AB InBev est devenu numéro un du secteur.
Même si elles partagent le pouvoir avec les Brésiliens fédérés par Jorge Lemann, les familles belges actionnaires ont jusqu’ici préservé le caractère belge du groupe en possédant toujours un peu plus d’actions que leurs associés américains… et en maintenant son siège social à Leuven et sa première cotation à Bruxelles.
Depuis des mois, les marchés spéculent sur le rachat du deuxième brasseur mondial, SABMiller, par AB InBev. Et depuis dimanche, le scénario a gagné en vraisemblance. Si l’opération se fait, le nouvel ensemble affichera 216 milliards d’euros de capitalisation boursière. Il pèserait plus de quatre fois celle de GDF Suez (47 milliards).
Fiscalité et rémunérations: les deux sujets qui pourraient fâcher.
Dans le Bel 20, le brasseur serait largement au-dessus du lot. Mais dans cette hypothèse, restera-t-il coté à Bruxelles? Et gardera-t-il son siège dans notre pays? A priori, oui, parce qu’il est le chasseur et non la proie et que, même dilués, ses actionnaires belges devraient rester au poste. Ce serait une excellente chose pour la Belgique, ne serait-ce qu’en termes de vitrine industrielle: réputation, image du secteur et du produit, exportations, know-how…
N’empêche, le risque qu’il s’en aille sous d’autres cieux serait aussi plus élevé. Notre marché ne pèserait plus même 1% de son chiffre d’affaires. Et les pratiques de ses dirigeants seront définies à l’aune des critères internationaux: leurs rémunérations, notamment, qui ne s’accordent plus toujours avec les prescrits belges. Exemple: l’octroi de stock options aux administrateurs, découragé en Belgique mais appliqué par AB InBev.
Autre souci: ses actionnaires belges ont déménagé leur holding de contrôle au Grand-Duché, sans doute pour des raisons fiscales. Fiscalité et rémunérations: les deux sujets qui pourraient fâcher. À méditer, si l’on veut conserver le champion.
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