Achtung, Lufthansa!

Le licenciement des patrons de Brussels Airlines.

Malgré une fibre patriotique qui titille, tentons de garder l’esprit clair. Lufthansa dispose non pas d’une majorité, mais de la totalité des actions de Brussels Airlines. Elle peut donc en faire ce qu’elle veut. Y compris virer ses patrons qui lui résistent (tiens, pourquoi le CFO, au fond?). Y compris l’outrager (devenir une low cost?), la briser, la martyriser. Loin de nous l’idée d’utiliser des références historiques pour établir des comparaisons hasardeuses. Mais tout de même, les Allemands feraient bien de se méfier.

Indiciblement, on a vu, ce week-end, deux phénomènes plutôt rares. D’une part, à l’annonce possible du licenciement de Bernard Gustin et de Jan De Raeymaeker, respectivement CEO et CFO de Brussels Airlines, des grands patrons se sont fendus d’une carte blanche pour à la fois soutenir Gustin et l’importance d’une compagnie aérienne sur le sol belge qui préserve les intérêts économiques du pays. Qui leur donnerait tort?

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Si on considère que Lufthansa a avalisé toutes les grandes décisions stratégiques de Brussels Airlines jusqu’ici, c’est qu’elles ont du sens.

De l’autre – et c’est un phénomène nettement plus rare –, on a vu les syndicats prendre fait et cause pour le patron. Certes, Gustin a toujours été proche de ses troupes, mais les conflits n’ont pas manqué. Il reste que la politique de la porte ouverte a visiblement porté ses fruits. En nommant la très lufthansienne Christina Foerster à sa succession, les Allemands vont marcher sur des œufs.

Car, au fond, il y aura autour des envahisseurs – certes légitimes – une attention vigilante des Belges, et ceci à tous les niveaux. Y compris jusqu’au passager qui devra faire le choix entre une compagnie irlandaise et une compagnie allemande; entre une Wizz Air à Charleroi ou une Eurowings à Bruxelles. Achtung, Lufthansa!, le terrain est glissant. Et notre Magritte et notre Tintin, vous en ferez quoi sur vos chicken wings?

Encore une fois, il ne faut pas jeter la pierre à la Lufthansa. Deux stratégies se sont affrontées et si la belge paraissait la plus pertinente (opinion d’un Belge, évidemment), il n’en demeure pas moins que celui qui a les cordons de la bourse est à Francfort et pas à Zaventem. Il reste que notre sentiment diffus est que se propagent sur les réseaux sociaux et dans les conversations téléphoniques des propos germanophobes qui pourraient nuire à Brussels Airlines ou à une autre, avec, quand même, du personnel belge. Il faut donc essayer de garder la mesure, ce qui n’exclut pas des sens attentifs.

Les avions sont là, le personnel aussi. Les équipes commerciales sont au poste et attendent les instructions. Fondamentalement, si on considère que Lufthansa a avalisé toutes les grandes décisions stratégiques de Brussels jusqu’ici, c’est qu’elles ont du sens. Pour la suite, ce n’est pas pour des divergences de vue au sommet de la pyramide, qu’il faudra saboter l’outil. Au contraire.

Mais encore une fois, Achtung, Lufthansa!, ces derniers jours, la sensibilité belge dans le dossier Brussels Airlines est à fleur de peau. Essayez de jouer en finesse. Si c’est possible.

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