Barcelone ne vaut pas une crise belge
La crise catalane veut s’inviter en Belgique.
Le sommet européen fut le théâtre hier d’un psychodrame belgo-espagnol autour de la crise catalane. Une pièce dont le coup d’envoi fut donné au matin par des articles de la presse néerlandophone affirmant qu’une "crise diplomatique" avait éclaté entre la Belgique et l’Espagne suite à une interview de Charles Michel dans laquelle le Premier ministre belge critiquait les violences de la police espagnole lors du référendum catalan. Un scénario en or, pour un sommet européen voué au sempiternel Brexit et à d’ennuyeuses conclusions.
Ce fut assez pour que les centaines de journalistes du monde entier, pris dans le huis clos de la grand-messe européenne, se ruent sur Charles Michel dès son arrivée dans l’enceinte pour recueillir ses déclarations de guerre à Madrid.
Aussi respectables que soient les aspirations catalanes, cela vaut-il la peine d’importer ici les germes de la division?
Grosse déception, rien ne vint. L’Espagne est "un pays ami" et il n’y a entre elle et la Belgique "aucun incident, aucune crise", dit Michel, posant l’étouffoir sur cette crise aux relents médiatiques. Avant d’aller s’asseoir près de son "ami", le Premier ministre Mariano Rajoy.
Que l’on ne s’y trompe pas. Il existe bel et bien des tensions entre Madrid et Bruxelles. La Belgique est le seul pays d’Europe à ne pas soutenir l’Espagne. Pourquoi? Parce que le premier parti belge, la N-VA, cherchant à sortir d’une posture schizophrénique consistant à gérer un pays dont il ne veut pas, prend fait et cause pour les indépendantistes catalans, au risque de faire vaciller la coalition au pouvoir en Belgique.
Barcelone vaut-il une crise en Belgique? Aussi respectables que soient les aspirations catalanes, cela vaut-il la peine d’importer ici les germes de la division? Les Catalans, unis dans une lutte romantique avec les nationalistes flamands, veulent-ils provoquer d’autres déchirures politiques?
Si la Belgique n’a pas pris position "pour" ou "contre" l’indépendance catalane, c’est parce que son gouvernement n’est pas en mesure de le faire. En attendant, la N-VA regarde Charles Michel faire le grand écart. Un exercice dans lequel il excelle.
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