Bonne chance Guillaume Boutin
Guillaume Boutin devient CEO de Proximus
Proximus a un nouveau CEO. Chapeau. La promotion de Guillaume Boutin relève presque du miracle. Car le contexte était pourri. La mission, elle, était quasi impossible. Il fallait parer – rapidement et avec ambition – au départ express et chaotique de Dominique Leroy. Dans une séquence où personne ne décide plus de rien à la tête de l’actionnaire étatique majoritaire.
Le job? Tout aussi pourri. Qui voulait recevoir un salaire largement sous les barèmes internationaux du secteur? Qui rêvait d’hériter de la pire crise sociale de l’histoire du groupe, rêvait de se frotter à un État actionnaire schizophrène, prêt à faire entrer le loup (Free) dans la bergerie des télécoms belges? Tout cela alors que les défis sont gigantesques et que nos dirigeants politiques ont pu démontrer, dans l’histoire récente de Proximus, tout le respect qu’ils portent à ceux qui veulent faire évoluer les choses. Mais non. Guillaume Boutin, c’est un choix par le haut. Un choix interne. C’est souvent le meilleur des choix pour s’assurer de la maîtrise des enjeux, vous diront les chasseurs de têtes. Un choix moderne, en phase avec les défis actuels et nouveaux. Un CEO qui se balade en Air Max, cela détonne dans les couloirs de l’ex-RTT. Un choix apolitique. Et même si c’est anormal de devoir le pointer dans le chef d’une entreprise publique autonome en 2019, nous restons en Belgique. Bref, du travail de pro. Dans le processus. Dans la réflexion du casting.
Reste la vraie question: quelle marge de manœuvre aura le nouveau patron? Et c’est ici que le cahier des charges devra être très clair et tout aussi pro de la part de l’actionnaire et du politique.
Un seul exemple: l’emploi, qui agite les discussions chez Proximus ces dernières semaines… et qui a été à l’origine des tensions et du divorce entre l’État (le gouvernement Michel) et Dominique Leroy. On ne peut pas continuer à demander à Proximus d’être un gros pourvoyeur de main-d’œuvre, à des postes parfois devenus obsolètes, sur des métiers qui ont disparu, tout en lui demandant d’être agile et de lutter contre des nouveaux concurrents qui s’appellent Netflix, WhatsApp ou Google.
Choisir, c’est renoncer. Et on l’a dit: l’actionnaire est schizophrène. Good luck, Guillaume Boutin.