Bourse: redonner le goût du risque aux entreprises et aux épargnants

Journaliste

Alors que les actions sont en passe d'enregistrer une excellente année 2023, l'ambiance reste morose du côté des entrées en bourse.

L'Europe ne fait pas rêver les candidats à une introduction en bourse. 2023 s'est soldée par une chute du nombre d'IPO et des montants levés sur le Vieux Continent par rapport à l'année précédente. Pire, plusieurs entreprises européennes, qui ont parfois pignon sur rue comme le groupe allemand Birkenstock, ont préféré traverser l’Atlantique pour se faire coter à Wall Street et espérer ainsi récolter davantage d'argent frais auprès d'investisseurs.

Pourtant, que ce soit à New York, à Paris ou encore à Francfort, les grands indices boursiers évoluent à des niveaux historiques (ou presque). Le Stoxx Europe 600, qui regroupe les plus importantes sociétés cotées de part et d'autre de la Manche, a rebondi de plus de 12% cette année et il ne lui manque presque rien pour égaler, voire dépasser, son record établi début 2022.

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Bon nombre de nos concitoyens – dont des chefs d’entreprise – considèrent encore la Bourse comme un lieu hautement spéculatif à éviter. Il s’agit pourtant d’une étape normale dans la vie d’une société en pleine croissance.

Les raisons derrière cette dichotomie entre performances boursières et IPO sont multiples. Les indices boursiers sont portés par un secteur technologique toujours plus imposant. Les "Magnificent Seven" (Microsoft, Tesla, Apple, Amazon, Alphabet, Meta et Nvidia) sont grandement responsables de la surperformance des actions américaines. Même en Europe, les valeurs technologiques ont mené la danse.

Une étape normale dans la vie d'une société en pleine croissance

Or, du côté des entrées en bourse, ce segment a perdu sa place de leader au profit, notamment, des entreprises du secteur de la consommation, avec des opérations parfois plus modestes. La faute à la forte remontée des taux d'intérêt, qui affecte la perception des investisseurs sur les valeurs de croissance et a incité les entreprises technologiques à postposer leur projet d'IPO. Mais, bonne nouvelle, l'horizon semble s'éclaircir pour l'année prochaine. Les investisseurs parient sur d'importantes baisses de taux en 2024. Ce qui explique, au passage, le net rebond des actions ces derniers mois.

Cela étant dit, reste le problème de l'attractivité des marchés européens. L'Europe représente désormais seulement 5% en termes de fonds levés sur le marché mondial des IPO, loin derrière les États-Unis (25%) et la Chine (54%). En cause, une culture du risque moins prononcée de ce côté-ci du globe. Bon nombre de nos concitoyens – dont des chefs d'entreprise – considèrent encore la Bourse comme un lieu hautement spéculatif à éviter. Il s'agit pourtant d'une étape normale dans la vie d'une société en pleine croissance. Et où tout épargnant qui cherche un rendement plus élevé que sur les comptes d'épargne sera potentiellement récompensé. Favorisons donc davantage l'éducation financière, via l'école par exemple, pour redonner le goût du risque aux Européens (sans excès bien sûr).

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