Bruxelles en seconde session

Une seconde session en quelque sorte. Vingt ans après. Flash-back. Dans les années nonante, Belgique et Pays-Bas s’unissent pour organiser les championnats d’Europe de football. Un "Euro 2000" partagé. Une première du genre qui sera suivie deux ans plus tard à l’échelon planétaire par une association sino-coréenne pour l’accueil du Mondial.

Si la symbolique de cette candidature binationale se révéla forte, le résultat "structurel" fut moins brillant. Pour la Belgique du moins. Alors que nos voisins bataves s’étaient équipés de stades dignes de l’événement (dont l’Amsterdam Arena), le royaume d’Albert II avait préféré sortir les torchons et les balais pour épousseter les infrastructures existantes — soyons de bons comptes: quelques grues furent aussi de la partie.

Le stade du Heysel, traumatisé en 1985 par un hooliganisme meurtrier et une naïveté tragique, avait été "reconstruit" et rebaptisé en "Roi Baudouin". Capacité: 40.000 places. Insuffisant pour les championnats d’Europe. Un deuxième étage avait donc dû être ajouté pour passer à 50.000 sièges. Surtout, moins de dix ans après l’Euro 2000, lesdites installations, par trop obsolètes, n’étaient déjà plus en mesure d’accueillir des soirées d’apothéose telle qu’une finale de Coupe d’Europe. Morale de cette histoire: épousseter, c’est bien, prévoir, c’est mieux.

Michel Platini et ses camarades de l’UEFA offrent aujourd’hui une séance de rattrapage à la capitale belge. L’occasion de se concentrer sur le sujet. Car les décideurs sont bien conscients de la nécessité de renouveler le parc des structures événementielles — le Palais 12 en est une illustration positive— mais la tendance à se disperser, se chamailler, à communautariser et finalement aboutir à du consensuel sans ambition apparaît comme naturelle — songez une seconde au RER, cette arlésienne trentenaire…

Bruxelles compte près de 1,2 million d’habitants, sa zone métropolitaine pas loin de trois millions, son club de football phare, Anderlecht, joue en Ligue des Champions (pas les premiers rôles mais…) et la cité attire des grandes pointures culturelles. Sans oublier les exploits des Diables rouges. Tous les ingrédients sont réunis pour imaginer un stade digne de ces éléments. À savoir de 60.000 places. Et équipé dignement. Tout cela semble évident mais voici vingt ans, cela l’était tout autant. Et, pourtant, voici la seconde session…