Citoyens cherchent hommes et femmes d'État
Une petite semaine, c’est le délai dont dispose Bart De Wever pour sauver sa coalition putative ou laisser le pays s’enfoncer dans la crise.
Bart De Wever reste formateur, mais ne dispose plus d’une majorité claire. Le retrait des socialistes flamands des pourparlers pour former une coalition "Arizona" constitue un coup dur pour l’ensemble des parties impliquées.
Un coup dur, c’en est également un pour la Belgique et l’ensemble de ses citoyens qui devront attendre davantage pour disposer d’un attelage à même de répondre aux urgences budgétaires, mais aussi aux nombreux défis en matière d’emploi, de santé, de transition ou encore de compétitivité. Au regard des développements, on ne peut s’empêcher de voir dans les évolutions récentes une occasion manquée. L’opportunité de former un gouvernement fédéral assez rapidement vient de s’envoler.
Des débuts encourageants
Au soir des élections, tout semblait pourtant bien parti: plusieurs présidents évoquaient alors un basculement du centre de gravité politique vers la droite. La victoire incontestable des Engagés et du MR au sud du pays laissait entrevoir des perspectives nouvelles. La Flandre se réjouissait ouvertement de l’émergence d’une nouvelle donne, susceptible, à l’en croire, de faciliter la gestion future du pays. Exit la Vivaldi et son grand écart permanent, place à des discussions entre les gagnants francophones associés à la N-VA et aux chrétiens-démocrates, mais aussi à Vooruit.
Avec un focus placé sur le socio-économique, plutôt que sur le communautaire, les premiers pas étaient encourageants. L’enthousiasme régnait, à tel point que d’aucuns se mirent même à rêver d’un exécutif pour le 20 septembre. Après quelques incidents de parcours, et un rappel par les socialistes flamands de leur ADN de gauche, on admettait que la fin d’année serait plus réaliste. Patatras, il n’en sera rien. Du moins pas dans cette configuration.
Ramener le PS dans la danse alors? Cet autre scénario ne simplifierait rien, absolument rien.
L’idée d’appeler à la rescousse l’Open Vld, un animal blessé, voire agonisant, pour sortir du marasme semble bancale. Avec le soutien de ce parti, la majorité à la Chambre ne tiendrait qu’à un tout petit siège. Un tel scénario serait susceptible de donner un pouvoir démesuré à des électrons libres à l’instar de Jean-Marie Dedecker, élu sur contingent N-VA, mais qui chérit son indépendance. Un tel attelage serait de surcroît minoritaire dans le groupe linguistique flamand, ce qui a régulièrement été qualifié d’inacceptable par les troupes de Bart De Wever.
Gâchis politique
Ramener le PS dans la danse alors? Cet autre scénario ne simplifierait rien, absolument rien. À court terme, le président des socialistes francophones, Paul Magnette, l’a d’ailleurs exclu, affirmant ne pas vouloir dépanner une "Arizona" à la dérive. Si la vérité d’un jour n’est pas celle du lendemain en politique, il reste toutefois improbable que le PS accepte de revenir dans le jeu sans se faire longuement désirer. L'arrivée d'une force de gauche supplémentaire dans les pourparlers changerait aussi toute la dynamique: l'actuel projet socio-économique imploserait, tandis que le communautaire pourrait faire un retour en force.
Une perspective bien peu réjouissante, tout comme l’est celle de nouvelles élections, qui risqueraient de doper les extrêmes sans changer substantiellement la donne par ailleurs. Plus qu’une opportunité manquée, c’est un magnifique gâchis auquel nous sommes exposés… En mettant la démission de Bart De Wever en suspens, le roi Philippe a calmé le jeu et offert une ultime possibilité aux négociateurs d’en sortir par le haut. Hommes et femmes d’État, il est temps de vous manifester.
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