Des pactes nucléaires qui tuent toute vraie politique

La difficile politique énergétique sur le long terme.

On peut débattre longtemps du contenu de la convention signée entre l’État et les propriétaires de Tihange 1, dont certains éléments, jusqu’hier, étaient restés cachés. Qu’Electrabel et EDF aient négocié des garanties avant d’investir 600 millions d’euros dans ce réacteur est compréhensible. Que le précédent gouvernement ait lié les mains des suivants passe encore.

Mais ce qui pose problème, plus que le contenu de l’accord, c’est la démarche. D’abord, parce que ces pactes signés en tête-à-tête tournent rarement à l’avantage des pouvoirs publics, qui se retrouvent en position de quémandeurs. Et surtout, parce que ces arrangements en privé ferment le jeu, minant le développement d’une vraie politique énergétique. Les gouvernements successifs naviguent d’urgence en urgence, sans vision cohérente.

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On risque fort de voir le gouvernement suivant obligé de retourner chez Electrabel pour discuter d’une autre prolongation…

Le prédécesseur de l’actuelle ministre de l’Énergie, le cdH Melchior Wathelet, avait bien espéré conjuguer la prolongation de Tihange 1 et de mesures de plus long terme, grâce à l’appel d’offres pour de nouvelles centrales au gaz. Un appel d’offres que la MR Marie-Christine Marghem a annulé devant les interrogations de l’Europe.

Elle se retrouve aujourd’hui dos au mur, négociant sous pression avec Electrabel un sursis pour Doel 1 et 2. Qui plus est, elle a couplé cette discussion avec celle sur la taxe nucléaire. Un contexte qui n’incite pas à l’optimisme sur l’issue des pourparlers en cours.

Et même si elle parvient à un résultat équilibré, la question de la sécurité d’approvisionnement à moyen et à long terme restera toujours aussi criante. Et on risque fort de voir le gouvernement suivant obligé de retourner chez Electrabel pour discuter d’une autre prolongation…

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