Échec industriel
La privatisation des actifs de Nethys
Le cirque a trop duré. Trois ans après l’explosion des scandales des comités de secteur de Publifin, l’avenir de ceux qui l’ont appelé la pieuvre liégeoise va se jouer. Et sortir de ce dossier pourri (même à Liège, on le dit) la tête haute va demander énormément de courage. D’abord de la part de Stéphane Moreau. Il doit partir.
Stéphane Moreau doit partir… mais penser que son départ sera gage de succès mènera à la catastrophe.
De tout ce qui touche encore de près ou de loin à Nethys. S’il pensait qu’avec ce qu’ils (les communes actionnaires et en cascade ses ex-amis politiques) vont gagner, "ils vont tous fermer leurs gueules", c’était être aveugle. L’avenir qui se joue aujourd’hui en Principauté n’est pas l’avenir de Nethys mais celui de Stéphane Moreau. Si l’intérêt de la société prime (emploi et ancrage), comme il le défend toujours, Moreau doit s’effacer. Définitivement et de lui-même. Il partira avec le sentiment du devoir accompli, s’il pense le mériter. Ce sera son dû.
C’est ici que nos dirigeants interviennent. Et que le gouvernement wallon sur les rails reçoit la chance unique de prouver qu’il dépasse les clivages et peut poser les jalons d’un avenir ambitieux pour la Région. Si PS, MR et Ecolo estiment que la privatisation de Nethys sera un succès s’ils obtiennent la tête de Moreau, ils auront, en ce sens, tout faux. Prosaïquement, sur le plan industriel, la Wallonie a déjà perdu. VOO, pour ne prendre que l’actif télécom, est déficitaire alors que la Flandre, qui a choisi de libéraliser Telenet il y a 25 ans, a fait de son câble l’un des actifs les plus rentables du secteur. Aujourd’hui, on privatise et c’est une bonne chose… Mais c’est déjà un échec. Car on vend le fusil sur la tempe: cela aura nécessairement un impact sur l’emploi et le prix offert à l’actionnaire public. Car, à terme, nous perdrons un fleuron potentiel. Car le contexte dans lequel s’organisent les ventes actuelles – procédure opaque, ingérence incessante, conflits d’intérêts potentiels – est indigne d’un pays développé comme la Belgique. Or, ce contexte est aussi de la responsabilité de nos politiques. C’est parce que certains ont été lâches il y a trois ans que Stéphane Moreau se trouve aujourd’hui à gérer la (sa?) sortie avec des relents d’arrangements entre amis.
Allô Namur, au delà d’une nécessaire transparence, demain que fait-on? Sauverons-nous des emplois parfois jugés obsolètes? Ou miserons-nous sur une vision à long terme pour des secteurs stratégiques? Il faudra y penser au moment de valider ou de faire capoter ce qui se trouve aujourd’hui sur la table.
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