Edito | Négociations fédérales: se remettre au travail au plus vite
Après les élections, la formation "facile" et "rapide" d’un gouvernement cohérent semblait à portée de main. C’était une illusion. Mais l’Arizona reste la meilleure formule. Les cinq partis doivent s'y remettre au plus vite.
La crise qui couvait depuis le début de la semaine entre les cinq partis d’une potentielle coalition Arizona a éclaté ce jeudi: les dernières propositions de compromis sur une réforme fiscale n’ont pas fait consensus. Le formateur Bart De Wever en a tiré les conséquences en présentant sa démission au Roi.
Aux yeux de beaucoup, le président du MR Georges-Louis Bouchez endosse le costume du "valet noir", autrement dit le coupable de l’échec. Mais il est un peu facile de lui imputer toutes les responsabilités. Grand vainqueur des élections, il est logique que Bouchez défende pied à pied son programme, refuse certaines augmentations d’impôts ou des mesures défavorables à l’entrepreneuriat.
Certes, il est illusoire de vouloir procéder à un assainissement budgétaire de 28 milliards d’euros et de faire une réforme fiscale un tant soit peu ambitieuse sans douleur et sans certaines hausses fiscales. Mais n’oublions pas que ces efforts budgétaires doivent aussi — et même d’abord — passer par une réduction des dépenses publiques.
In fine, la coalition Arizona reste encore et toujours la meilleure, voire la seule, formule crédible.
Fin des illusions
Cette crise politique est dommageable. Elle ouvre une période d’incertitudes dont la Belgique se serait bien passée. Elle met fin aux illusions alors que toutes les planètes semblaient alignées pour qu’un gouvernement presque homogène puisse être rapidement constitué, ce qui aurait été en soi un exploit dans un pays rompu aux formations à rallonge.
In fine, la coalition Arizona reste encore et toujours la meilleure, voire la seule, formule crédible. Les cinq formations doivent s’accorder et dépasser leurs intérêts partisans de court-terme. Le plus tôt sera le mieux. Ils doivent donc au plus vite se remettre au boulot.
D’abord, le paquet qui était sur la table des négociations — réformes de la fiscalité, du marché du travail et des pensions — comportait de nombreuses avancées, en phase avec la volonté des électeurs. Il serait absurde de les jeter à la poubelle.
Cette crise laissera des traces. Les relations entre les personnes ont été dégradées.
Rendez-vous en octobre?
Ensuite, il est illusoire de croire que la formation d’un gouvernement fédéral sera plus aisée dans quelques jours ou après les élections communales du 13 octobre. Les données du problème restent fondamentalement les mêmes: il faut trouver une majorité capable d’assainir un budget en dérapage de moins en moins contrôlé et de mener des réformes dont ce pays a cruellement besoin. Certes, passer le cap électoral des communales peut faciliter un consensus politique. Mais rappelons que la Belgique est sous surveillance d’une procédure en déficit excessif par la Commission européenne. Le temps presse.
Cette crise laissera des traces. Les relations entre les personnes ont été dégradées. En particulier, Bart De Wever a reçu une claque en étant obligé d’acter l’échec de sa mission. Les cinq partis de l’Arizona voulaient éviter de répéter les errements de la Vivaldi avec ses disputes incessantes et ses compromis vides. Ils promettaient des réformes ambitieuses et une bonne gestion. Cette image est déjà écornée.
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