Face au communautarisme, l'esprit des Lumières

Prison pour les "returnees", bracelet électronique pour ceux qui sont fichés, garde à vue sans justification portée à 72 heures, perquisitions 24 heures sur 24, expulsion des imams prêcheurs de haine: les terroristes n’ont plus qu’à bien se tenir… Encore que c’est précisément ce qu’ils recherchent. Raidir des sociétés dont la tolérance, l’impertinence parfois, la créativité, le dynamisme leur sont insupportables.

Dans les circonstances présentes, un tour de vis sécuritaire était nécessaire pour rassurer la population et pour répondre aux critiques qui ont fusé de France et d’ailleurs. Il est difficile en effet de nier que la Belgique a failli. Pas tant face au djihadisme qu’elle n’a jamais traité à la légère. Mais plutôt face au communautarisme. Au nom de la tolérance, du multiculturalisme, des fameux accommodements raisonnables, on a laissé certaines dérives s’installer. Par manque de courage politique aussi. Ou pire, par calcul électoral.

Lorsque dans une école de Schaerbeek, des jeunes refusent d’observer une minute de silence en hommage aux victimes de Paris, on mesure l’ampleur de la tâche qui nous attend. Car à 15 ans, un jeune est récupérable. À 25 ans, il ne l’est plus. Trop longtemps, le politique s’est déchargé de ses responsabilités sur les directeurs d’école. Lorsque des jeunes femmes sont harcelées en rue dans certains quartiers de Bruxelles, simplement parce qu’elles circulent sans être accompagnées d’un homme ou parce qu’elles ne portent pas le voile, on sait qu’il faudra batailler encore et encore pour inculquer ces valeurs héritées des Lumières, qui créent du lien social et dont on a la prétention d’affirmer qu’elles recèlent une dimension universelle.

Ce travail de fond, le discours du Premier ministre ne l’aborde pas ou peu. Sans doute parce que ce n’était pas le moment. Mais on n’y échappera pas pour autant.