Finances publiques: il est temps de changer de partition
Le dernier rapport du Bureau du Plan sur la trajectoire de nos finances publiques doit faire réagir nos édiles politiques. La Belgique est loin d’être une île à l’abri des vents violents.
Changez de cap avant de percuter l’iceberg: c’est le message d’alerte envoyé jeudi au gouvernement par le Bureau du Plan. À politique inchangée, notre bateau Belgique affichera un déficit de près de 40 milliards au terme de la prochaine législature. Et une dette qui va flirter avec les 120%, un niveau inédit depuis les années 1990. Voilà donc l’iceberg vers lequel nous fonçons, si rien n’est fait pour rectifier la trajectoire.
Or entre-temps, dans les salons politiques, l’orchestre continue de jouer, comme si de rien n’était.
Sommes-nous condamnés à assister, impuissants, à la désindustrialisation de la Belgique faute de moyens ?
Un iceberg? Quel iceberg, en effet? Dans les cales, les moteurs tournent plutôt bien. La croissance affiche une vitesse de croisière supérieure à la moyenne européenne. Et ce, grâce notamment à la consommation soutenue à bout de bras – tiens donc – par un soutien massif du gouvernement durant la pandémie et la crise énergétique, et par l’indexation automatique des salaires. Alors pourquoi ranger nos partitions?
Parce que notre fragilité financière nous empêche d’affronter les coups de boutoir qui viennent frapper notre pays.
La guerre fiscale intra-européenne qui sévit à nos frontières, par exemple. L’incertitude autour de l’investissement d’ArcelorMittal à Gand nous l’a rappelé récemment. Pour un projet similaire à Dunkerque, le gouvernement français lui apporte 850 millions d’euros. La Belgique n’en prévoit que 280 millions. Nos champions Umicore, Agristo, Ecofrost, Futerro ont déjà fait leur saut de frontière. Sommes-nous condamnés à assister, impuissants, à la désindustrialisation de la Belgique faute de moyens ?
Avec le blocage de l’aide à l’Ukraine par les partisans de Trump au Congrès, c’est nous, Européens, qui devons assurer seuls le trou financier.
Les trous de l'Otan
La crise agricole nous montre également combien la transition environnementale ne peut se faire sur le dos de la population. Par ses mesures de soutien obligatoires, elle sera donc onéreuse. Ou ne sera pas.
Et que penser de cette guerre, réelle celle-là, aux frontières de l’Europe? Avant-dernière dans le classement des dépenses militaires de l’Otan, la Belgique doit, là aussi, rectifier le tir. L’invitation de Donald Trump à laisser tout pays récalcitrant à la merci de Poutine montre bien l’excentricité dangereuse du milliardaire. Il serait pourtant irresponsable de la disqualifier. Le personnage, qui pourrait bien devenir notre prochain interlocuteur à la Maison-Blanche, montre déjà aujourd’hui son potentiel de nuisance. Avec le blocage de l’aide à l’Ukraine par ses partisans au Congrès, c’est nous, Européens, qui devons assurer seuls le trou financier et militaire.
Un changement de cap s’avère donc indispensable pour les finances publiques belges et ce, dès le prochain conclave budgétaire à la mi-mars. L’échéance électorale ne peut être une excuse. Bien au contraire, elle doit pousser les politiques à baisser les archets, et à montrer à leurs électeurs que l’iceberg est bien là, devant nous.
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