L'Europe de la défense se rapproche

Lors de sa venue à Bruxelles, Donald Trump a reproché aux Européens l’insuffisance de leurs budgets militaires et refusé de réaffirmer la doctrine de défense mutuelle des alliés. Répondant à un mouvement de balancier constant depuis leur création, les Etats-Unis entrent dans une ère d’isolationnisme après une période d’ouverture et de libre-échange inédite sous Barack Obama.

L’Europe est fragilisée par ce repli doublé d’un chantage sordide. La première puissance économique mondiale n’a toujours pas de défense commune et se retrouve suspendue aux lèvres, pour ne pas dire aux tweets, d’un Président américain versatile et dénué de scrupules. Pourtant, le danger est proche. Le terrorisme islamiste frappe sur son territoire. Ses frontières au Moyen-Orient sont menacées par le conflit syrien. La Turquie voisine est aux mains d’un dictateur islamo-conservateur. La Russie a massé ses armées près de l’Ukraine et se livre à des fréquentes incursions dans l’espace aérien des pays Baltes. Le Royaume-Uni, un des deux pays européens doté d’une force nucléaire, s’en va.

Jamais, depuis sa création, l’UE ne s’est trouvée dans une telle position de faiblesse. Mais jamais la conjoncture n’a été aussi favorable à la création d’une défense commune. La Commission Juncker a fait un pas historique en proposant hier la création d’un fonds européen pour la défense de 5,5 milliards d’euros. L’idée? Maximiser l’efficacité des dépenses en collectivisant la recherche et le développement. C’est du bon sens économique, puisque le caractère individuel des dépenses de défense des États européens fait perdre entre 25 et 100 milliards d’euros par an.

C’est aussi du bon sens militaire, puisque les Européens seraient incapables d’aligner du matériel compatible s’ils devaient se défendre contre un ennemi commun: 17 types de chars, 29 modèles de navires et 20 sortes d’avions. Une armée mexicaine.

La défense européenne se rapproche. Mais elle ne verra le jour que si les États ont le courage de franchir le pas politique. Le prochain sommet des dirigeants de l’UE, le 22 juin prochain, sera un test déterminant.