L'Europe et la nouvelle faille bancaire
Une fois de plus, le temps a fait son œuvre et aussi calmé les anxiétés européennes les plus fortes face à ces établissements financiers dont la taille et la complexité laissent présager les plus grands dangers pour le système, s’ils venaient à trébucher. Fini donc les belles promesses de "level playing field", un marché uniformément réglementé pour une saine concurrence.
Aujourd’hui, l’échiquier européen a changé. Le nouveau commissaire chargé de la Stabilité financière, le Britannique Jonathan Hill, ne poursuit plus la même quête d’un secteur bancaire sain et sûr, initiée par son prédécesseur, Michel Barnier.
Début de cette semaine, le rapporteur du Parlement a, lui, décidé de laisser le champ libre aux régulateurs de cadenasser ou pas les grandes banques. Le vote du 27 mai avalisera sans doute la mort de "la séparation bancaire", du cantonnement et autres pistes autrefois citées.
La France, récalcitrante à l’idée de voir ses champions nationaux muselés, pourra s’incliner devant le lobby financier, comme la Grande-Bretagne où le politique avait certes des ambitions castratrices pour la City.
Le salut ne viendra pas du Conseil, qui a souvent pesé pour alléger la facture régulatoire.
Or cette ultime pièce du puzzle n’est-elle pas censée être la colle de l’Union bancaire? Cette pièce manquante ne sera-t-elle pas la porte ouverte à une nouvelle crise? Oui, les banques sont individuellement plus solides et appelées à mettre à l’abri le contribuable en cas de défaillance. Mais pourront-elles résister à la chute d’un mastodonte, plus grand et plus complexe que Lehman Brothers?
Et la Belgique dans tout ça? Elle a pêché par excès de zèle en n’ayant pas voulu attendre l’Europe pour avancer. Elle se retrouve aujourd’hui avec un marché plus réglementé que ses voisins. Un paradoxe pour une place qui veut gagner ses galons internationaux.
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