L'Europe fait un pas vers la Turquie
L’UE se prépare à lever les visas pour les Turcs
Si tout se passe comme prévu, cet été, les Turcs auront le droit d’entrer dans l’Union européenne sans visa. Réciproquement, les Européens jouiront du même avantage pour voyager en Turquie.
Pour les Turcs, ce sera la fin du parcours du combattant pour obtenir, ou très souvent se voir refuser, le précieux sésame. Pour les Européens, ce sera la fin d’une simple formalité.
Infliger un nouveau camouflet à la Turquie la pousserait encore plus vers les pays arabes et l’islam radical.
Cette proposition devra être approuvée par les dirigeants européens fin juin. Ont-ils le choix? Non, ou si peu. Les Vingt-huit l’ont promis à Ankara en mars. En échange, la Turquie a stoppé net le flux de migrants vers la Grèce. Des voix, pourtant, se font entendre pour s’y opposer, surtout à l’est de l’Europe. Mais il faut raison garder. Lever les visas, ce n’est pas offrir un chèque en blanc à la Turquie d’Erdogan. C’est octroyer aux Turcs ce qui l’est déjà aux Malaisiens ou aux Panaméens. Cela n’exonère pas la Turquie des efforts qu’elle doit accomplir, en matière de droits fondamentaux et d’ouverture du marché, si elle veut entrer dans l’Union européenne.
Le peu d’importance que le président Erdogan accorde aux libertés individuelles fait froid dans le dos. Faut-il, pour autant, bloquer tout rapprochement entre citoyens turcs et européens? Ce serait la pire des choses. Après le gel des négociations d’adhésion en 2005, infliger un nouveau camouflet à la Turquie la pousserait encore plus vers les pays arabes et l’islam radical. L’Europe s’éloignerait d’un moteur économique. Istanbul, l’une des plus grande mégapoles du monde, est un puissant allié.
Dire non, ce serait stagner dans une logique médiévale de lutte entre Européens et Ottomans. Cela ferait le jeu des populistes. Des esprits simples, qui voient la Turquie comme une terre de barbares prêts à fondre sur l’Europe, alors qu’il s’agit d’une culture raffinée et ouverte. Ou un berceau du terrorisme, alors que les attentats qui ont frappé Bruxelles et Paris sont le fait de criminels qui sont nés et ont grandi en Belgique et en France.
Accroître la fluidité entre les deux populations serait, pour l’Europe et la Turquie, tourner le dos au passé. Et mettre le pied dans le 21e siècle.
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