L'Europe moins seule face aux Gafa
Facebook va payer 5 milliards de dollars d’amende.
La coïncidence vaut d’être soulevée: la confirmation de l’amende à 5 milliards de dollars contre Facebook aux Etats-Unis tombe le même jour que l’audition du procureur Robert Mueller devant le Congrès américain. Dans les deux cas, le sujet en filigrane est l’élection potentiellement édulcorée de Donald Trump. Profilages massifs des électeurs d’un côté, possible interférence de la Russie de l’autre. Si le Président américain s’en sort sans coup férir sur ce deuxième volet (Mueller n’a pas voulu cracher un mot de plus sur son rapport), le premier accouche d’un plan d’action prometteur.
Pas tant pour l’amende en elle-même. Avec ses 22 milliards de bénéfices en 2018, Facebook peut la sortir en cash de sa poche. Certains esprits chagrins, à l’instar des deux démocrates qui ont voté contre l’arrangement, estimeront que l’intrusion dans la vie privée méritait de clouer Mark Zuckerberg lui-même au pilori. Soit. Mais ne boudons pas la deuxième partie de l’histoire. Dans son arrangement avec Facebook, la Commission fédérale du commerce américaine (FTC) impose à l’entreprise la création d’un comité de contrôle indépendant sur la vie privée. Ni Zuckerberg, ni aucun membre de son exécutif n’auront d’emprise sur les décisions entourant le respect des données des utilisateurs.
Zuckerberg n’aura plus d’emprise sur les décisions entourant la vie privée.
L’annonce de cet arrangement sort en même temps que la mise en place d’une enquête approfondie sur les pratiques anticoncurrentielles des grandes entreprises technologiques. Le département de la Justice américaine ne cite aucune société en particulier mais semble pointer Facebook, Amazon et Alphabet, la maison mère de Google.
La bonne nouvelle, c’est que l’Europe se sentira moins seule. Elle qui, pour protéger ses citoyens, a dû développer un règlement général sur la protection des données (RGPD), et a plusieurs fois dégainé ses propres mises à l’amende, s’attirant les foudres de l’administration américaine.
La mauvaise nouvelle, c’est que le monde des réseaux sociaux se développe à la vitesse d’un clic de souris. Et que la régulation n’intervient souvent que quand le mal est déjà fait. Les fuites récentes sur le tout nouveau produit de Facebook, Messenger Kids, adressé à des enfants, sont là pour nous le rappeler.
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