L'Europe tétanisée par ses peurs

Journaliste

L’UE divisée face aux crises majeures.

La Commission européenne propose un plan ambitieux pour couper les vivres aux groupes terroristes avec, en ligne de mire, l’Etat islamique et ses modes de financement ultra-modernes. À défaut de mettre fin aux ressources des terroristes, infiniment complexes et globalisées, ce plan, qui s’étale sur deux ans, devrait au moins les freiner. C’est un premier pas. Mais il ne suffira pas à vaincre les djihadistes.

L’exécutif européen, certes poussé par la France, prouve qu’il est capable d’élaborer des plans contre le terrorisme. Mais tant que les 28 Etats ne s’uniront pas pour aller plus loin, ce sera insuffisant. Car mis à part ce plan visant le financement, l’arsenal européen de lutte contre le terrorisme est toujours aussi maigre et mal utilisé.

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Plus de deux mois après les attentats de Paris, l’arsenal européen de lutte contre le terrorisme est toujours aussi maigre et mal utilisé.

Un exemple? Les échanges d’informations entre les services de renseignement des Etats européens ne fonctionnent toujours pas. Plus de deux mois après les attentats de Paris. La moitié des informations échangées en Europe dans le cadre de la coopération policière le sont… entre cinq Etats à peine.

L’Europe est divisée, que ce soit sur la lutte contre les terroristes ou sur la politique d’accueil des migrants.

En réalité, l’Europe est infectée par ses peurs. Le constat, dressé hier par le président des sociaux-démocrates européens Gianni Pittella, est sans appel. L’Europe a peur du terrorisme? La majorité des Etats se replient sur leurs services de renseignement. L’Europe a peur des réfugiés, qui sont pourtant les premiers menacés par la guerre en Syrie? La plupart des Etats refusent de s’entendre et cèdent aux sirènes du populisme.

Le Vieux Continent pourrait s’unir, pour mettre en place une politique d’accueil des réfugiés digne de ce nom et une lutte efficace contre les terroristes. Mais trop de dirigeants, du Royaume-Uni à l’est de l’Europe, optent pour des solutions individuelles, simplistes et radicales.

Cette division empêche l’Union de s’imposer parmi les grandes puissances. Elle pénalise, dans le monde qui se construit pour les trente prochaines années, la prospérité des Européens.

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