L'image du boss mâle enfin se fane
Journée des droits de la femme
"Le sexisme n’est pas accidentel, il est profondément ancré dans la structure même du capitalisme", assènent dans leur manifeste un "Féminisme pour les 99%" trois organisatrices de la grève internationale des femmes. Ajoutons "en politique aussi d’ailleurs" et "dans la société civile tout autant". Année après année, chaque 8 mars, on ressort les mêmes constats affligeants: la violence faite aux femmes est plus que jamais d’actualité, l’égalité salariale entre les genres reste un vœu pieux, les femmes sont sous-représentées dans les organes de décision, plus exposées au risque de pauvreté, discriminées dans l’octroi d’un crédit, majoritairement en charge des tâches domestiques…
Stop, arrêtons là la litanie. Car certaines choses évoluent. Lentement mais espérons-le, sûrement.
Dans les entreprises, par exemple, l’instauration de quotas de femmes dans les conseils – pour artificielle que soit la mesure – a permis d’amorcer la pompe. D’inexistantes il y a quelques années encore, les femmes CEO sont maintenant minoritaires. Mais elles existent.
À travail égal-salaire égal devrait s’écrire comme un constat et non une revendication.
Les sociétés commencent à comprendre que pour être en adéquation avec le monde dans lequel elles évoluent – et donc celui de leurs clients, leur personnel, leurs fournisseurs voire de leurs investisseurs – l’image du boss mâle, blanc, 40-50 ans, en costume-cravate ne fait plus obligatoirement recette. Qu’elles doivent désormais refléter la diversité du monde dans lequel elles évoluent. Et donc s’ouvrir, aux femmes, aux cultures. Aux autres. À tous. Celles qui l’ont compris ont tout à y gagner: en termes d’images, comme de performance.
Pas de wishful thinking dans ces quelques lignes, un constat, celui qu’un changement de mentalité commence enfin à poindre. Mais qui reste toujours lent. Beaucoup trop lent.
Alors des journées des droits de la femme, il en faudra encore beaucoup. Et chaque année, il faudra retaper sur le clou. Pour abattre les uns après les autres les écueils qui se dressent encore devant les femmes. Pour qu’enfin, un jour on puisse écrire: à travail égal-salaire égal comme un constat et non plus une revendication. Que #metoo fasse partie de l’histoire et qu’il soit devenu un hashtag désuet. Qu’on accueille enfin dans les comités de direction et les conseils d’administration, non plus pour remplir un quota mais pour valoriser une compétence. Qu’un jour à cette table de réunion de rédaction, nous soyons davantage que deux sur huit.