L'impossible crash
Action syndicale chez Belgocontrol.
Lorsque la Sabena a sombré par une triste matinée de l’automne 2001, la responsabilité de ce naufrage a été imputée à trois protagonistes du dossier. Primo, l’Etat qui a (volontairement?) trop faiblement recapitalisé sa compagnie quand l’Europe a libéralisé le secteur aérien et autorisé les actionnaires publics à une ultime injection d’argent frais. Secundo, le partenaire stratégique et co-actionnaire de la société aérienne, Swissair (relancée aujourd’hui sous l’appellation Swiss) qui a effectué des choix tactiques douteux et utilisé sa presque filiale plus comme une béquille que comme un levier. Tertio, les organisations syndicales qui, convaincues de l’insubmersibilité de la Sabena, n’ont jamais compris que leurs exigences et leur intransigeance conduiraient les avions au hangar.
Ces contrôleurs aériens "malades" ne connaissent-ils pas la décence?
Le 7 novembre 2001, des dizaines de queues frappées d’un "S" stylisé sont restées clouées au sol…
Trois semaines après les attentats meurtriers qui ont frappé le métro et le principal aéroport de Bruxelles, un syndicat minoritaire dénonce l’accord intervenu en commission paritaire concernant l’évolution des conditions de travail chez Belgocontrol et appelle ses membres à se porter malades. Résultat: faute d’aiguilleurs, le ciel belge convalescent est fermé par intermittence au trafic. Et une incompréhension intersidérale surgit…
Ces contrôleurs aériens "malades" ne connaissent-ils pas la décence, la raison économique, l’intérêt social? Zaventem est le deuxième pole économique du royaume. Des dizaines de milliers d’emplois en dépendent. Trois terroristes l’ont condamné à l’inactivité durant plusieurs jours. Des milliers de personnes s’activent aujourd’hui pour tenter de revenir à une situation "normale" dans des délais raisonnables, de remplir les avions de Brussels Airlines ainsi que des autres gros utilisateurs de Zaventem et, surtout, de convaincre les compagnies étrangères de maintenir leurs opérations à Bruxelles. Afin de ne pas condamner la métropole et le pays à une double peine. Celle de la folie des assassins et celle des conséquences économiques de leurs actes. Enfin, ces milliers de personnes œuvrent pour que l’impensable ne se produise pas: un crash du secteur aérien belge. Comme la faillite de la Sabena était impossible aux yeux de certains syndicalistes.
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