L'union de la Défense avance
L’Europe veut améliorer la mobilité militaire
Depuis l’antiquité, les routes sont la clé de voûte de la puissance des communautés humaines, de leur prospérité et de la paix. D’ailleurs, si on dit qu’elles mènent toutes à Rome, c’est parce que les voies romaines servaient à projeter ses légions en un temps record aux frontières de l’empire, pour l’étendre ou le défendre. Leur autre usage, tout aussi précieux, était commercial. Leur tracé a traversé le temps et fondé notre civilisation.
L’union de la Défense, une Europe qui protège, est un défi jouable. Ce serait l’héritage de Jean-Claude Juncker aux Européens.
De nos jours, l’Europe finance de gigantesques réseaux routiers, ferroviaires et navigables reliant les 28 États membres de l’UE. Pourtant, elle n’a jamais intégré dans ces réseaux l’aspect militaire, bloqué depuis les années 50 par l’hégémonie de la France et du Royaume-Uni. Résultat funeste, les routes, ponts et tunnels d’un pays européen ne laissent pas toujours passer les armées d’un autre.
Le Brexit, la menace russe et l’instabilité au Moyen-Orient changent la donne. Les États de l’ancien bloc soviétique craignent un réveil brutal de l’ours russe, surtout depuis le conflit ukrainien. Au sud-est, la Turquie joue avec le feu en Syrie. Pour l’instant, l’Europe est tributaire des capacités américaines, au risque de dépendre d’une société dirigée par un Trump belliqueux et imprévisible. La Pologne vient d’acheter des missiles Patriot pour 3,8 milliards de dollars. La Belgique ne semble avoir d’autre choix que de remplacer ses vieux F-16 par des F-35.
Pour la Commission Juncker, il est dans l’intérêt de l’Europe de développer une union de la Défense, dont la pierre angulaire sera une mobilité militaire accrue. Son plan? Adapter les infrastructures à la circulation des troupes et des équipements européens. Les obstacles sont nombreux. Il faudra convaincre les pays neutres. Rassembler les moyens financiers. Mais les retombées positives, chiffrées en milliards d’euros, seront importantes.
L’union de la Défense, une Europe qui protège, est un défi jouable. Ce serait aussi l’héritage de Jean-Claude Juncker aux Européens. Dans un monde instable, le chemin inverse serait suicidaire.
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