La clarté sur le Brexit, enfin
Le vote des Britanniques entérine le Brexit
Get Brexit done. Le slogan de campagne du Premier ministre britannique Boris Johnson a fait mouche. Bien aidé par la faiblesse pathétique de ses adversaires travaillistes – Jeremy Corbyn en tête – "BoJo" a réussi son pari: remporter haut la main les législatives et s’ouvrir une voie royale pour concrétiser "son" Brexit. Lassés, les électeurs britanniques ont voulu en finir avec un processus qui, depuis plus de trois ans, a sombré dans le chaos jusque dans les prestigieuses travées de Westminster. Ils ont, sans ambiguïté, confirmé le résultat du référendum du 23 juin 2016: le Royaume-Uni sortira de l’Union européenne le 31 janvier prochain.
Tout le mérite du scrutin britannique de ce jeudi est bien là: l’incertitude est enfin levée. Pour tout le monde, et pour nos entreprises en particulier, cette clarté est bienvenue. Le processus ne s’achèvera toutefois pas fin janvier puisque l’UE et Londres devront encore définir les contours de leur relation commerciale future. Cette mission s’annonce périlleuse.
Pour l’Union européenne, il est temps de tourner la page. Le Brexit doit sonner l’heure d’un nouveau départ.
Dans les prochaines années, Boris Johnson devra aussi conduire un pays profondément déchiré – on lui promet déjà quelques turbulences écossaises – et définir sa place sur l’échiquier mondial sans pouvoir se reposer sur le commode bouc émissaire qu’était "Bruxelles".
Sur le fond, on persiste à penser que ce Brexit est une erreur stratégique pour la Perfide Albion et un échec politique retentissant pour l’Europe. Mais dans tout échec, il y a des leçons à tirer et des opportunités à saisir pour (se) reconstruire. Pour l’Union, il est temps de tourner la page. Le Brexit doit sonner l’heure d’un nouveau départ.
Aujourd’hui, l’Europe ne fait plus rêver. Ces dernières années, elle a surtout dû gérer des crises (celle de l’euro et le Brexit pour citer les deux exemples les plus frappants). Mais elle est en panne de projets mobilisateurs. Perclue, minée par ses divisions internes, menacée par des vents populistes et nationalistes, elle n’existe guère sur la scène internationale face aux Etats-Unis, à la Russie, à la Chine.
Désormais délestée du poids du Brexit, dotée d’une nouvelle équipe à sa direction, l’Union européenne doit se réinventer. Elle doit réenchanter ses citoyens. C’est une condition de sa survie même. Le "green deal" annoncé mercredi par la Commission Von der Leyen et approuvé aux forceps au sommet ce vendredi est une première étape encourageante… même si le refus polonais de le soutenir montre que le chemin est encore long. La lutte contre le réchauffement climatique, l’ambition d’une Europe décarbonée, est typiquement un enjeu dont l’UE doit s’emparer et pour lequel elle doit démontrer sa plus-value.
Mais cela ne suffira pas. L’UE doit porter encore d’autres projets ambitieux, concrets, valorisants. Si elle y parvient, elle se réconciliera avec elle-même, avec ses citoyens et ce sera le meilleur rempart contre ses forces centrifuges. Alors un jour peut-être, à Londres, les Britanniques repenseront au Brexit et diront "Oh my God! What a mistake we made!"
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