La dette, le péché originel
Un milliard d’euros pour renflouer Euro Disney
C’était à la fin des folles années 80, quand on croyait encore que tout ce qu’on touchait se transformerait en or. Dans l’euphorie de l’époque, deux des projets les plus enthousiasmants de la décennie, les deux "Euro", Disney et Tunnel, se sont construits sur des dettes abyssales, avec très peu de capitaux de départ.
On avait pourtant d’abord pensé que le handicap d’Euro Disney était d’avoir choisi de s’implanter en France, pays de tourisme culturel, au climat incertain et aux habitants pétris d’un vieux fonds d’anti-américanisme. Mais Disneyland Paris a réussi à se faire accepter, d’autant mieux que l’Île de France et la capitale ont pleinement bénéficié des retombées économiques et de l’emploi générés par la fréquentation du parc, devenu la première destination touristique européenne.
En réalité, le mal d’Euro Disney était bien plus profond que cette banale maladie de jeunesse. Le péché originel de la filiale européenne de Disney, c’est son endettement. Le parc d’attraction s’est bâti pratiquement sans fonds propres, creusant le trou à chaque nouvel investissement, qui dans ce secteur s’accompagne souvent de dépassements de budgets. Résultat, des recapitalisations à répétition et une probable OPA de la maison-mère américaine.
La création de son parc d’attraction en Europe a-t-elle pour autant été une mauvaise affaire pour The Disney World Company? Pas forcément. Tout d’abord, Disney avait (et a toujours) besoin de cette vitrine sur le Vieux Continent, et on a vu que le succès touristique a été au rendez-vous. Sur le plan financier ensuite, les héritiers du grand Walt ont plutôt bien joué: certes, ils ne perçoivent que rarement des dividendes (en 22 ans, Euro Disney a été bénéficiaire seulement 7 fois). Mais ils touchent des royalties qui, elles, tombent chaque année avec une régularité de métronome, si l’on excepte les premières années où Disney y avait renoncé. Or, ces royalties représentent une part non négligeable de la perte de certains exercices.
Inutile de dire que les petits actionnaires qui ont cru que la magie de Disney se répercuterait sur leur portefeuille ont connu un sort moins enviable.
Les plus lus
- 1 La taxe sur les plus-values réduite de moitié et la taxe compte-titres augmentée
- 2 Lunch Garden: accord pour la reprise de 41 restaurants, 430 emplois sauvés
- 3 Le nombre d'enquêtes pour faux statut d'indépendant grimpe en flèche
- 4 Formation du gouvernement fédéral: les fuites se multiplient, l'Arizona fait le gros dos
- 5 Formation du gouvernement fédéral: l'Arizona planche sur la scission du tribunal de première instance de Bruxelles