La N-VA ou l'illusion confédérale

Très franchement, il y a bien d'autres enjeux dont les responsables politiques devraient s'occuper. Le climat, par exemple.

Campagne électorale oblige, la N-VA a ressorti du frigo ses velléités d’instaurer le confédéralisme en Belgique. Ce n’est pas une surprise. L’indépendantisme est inscrit dans l’ADN du parti de Bart De Wever. La stratégie n’est pas bien compliquée: d’abord, il s’agit d’aller grignoter des voix dans la besace du Vlaams Belang. Ensuite, il s’agit, en brandissant la menace confédérale en cas de retour du PS au pouvoir, de pousser les francophones à voter à droite, ce qui permettrait, le cas échéant, à la N-VA de concrétiser plus facilement, dans un futur gouvernement fédéral, les volets socio-économiques de son programme. Puis, cela permet de faire oublier, médiatiquement, que la N-VA a mis fin, de manière peu glorieuse, au gouvernement Michel. Enfin, faire de l’étranger – quand ce n’est pas l’immigré ou le réfugié, c’est le francophone – le bouc émissaire de tous les maux, c’est une vieille recette politicienne qui marche toujours…

Très franchement, il y a bien d’autres enjeux dont les responsables politiques devraient s’occuper. Le climat, par exemple.

Au passage, le terme "confédéralisme", qui est l’union de deux États indépendants, est impropre au cas belge. Mais soit. Les francophones doivent-ils en avoir peur? Assurément non. Il reste un mirage. Jusqu’à preuve du contraire, il n’y a d’ailleurs pas de majorité, même en Flandre, pour le réclamer. Et, très franchement, il y a bien d’autres enjeux dont les responsables politiques devraient s’occuper. Le climat, par exemple, comme l’ont très bien montré les 12.500 élèves qui ont manifesté jeudi à Bruxelles.

Le projet de la N-VA procède d’une idéologie simpliste: ce que la Flandre fait elle-même n’est pas forcément toujours meilleur. La Wallonie et Bruxelles ont du reste les atouts nécessaires pour se développer économiquement sans devoir faire la manche à la Flandre.

Ce confédéralisme est égoïste car il sape complètement le ciment de la société qu’est la sécurité sociale. Il ne résout pas des enjeux cruciaux de notre vie quotidienne, la mobilité pour citer un exemple parmi d’autres. Il est aussi fondamentalement inacceptable pour n’importe quel francophone, notamment car il nie l’autonomie de la Région bruxelloise. Enfin, il est impraticable car sa mise en œuvre nécessiterait des années de négociations et d’application laborieuse qui ferait passer, en comparaison, le Brexit pour un jeu d’enfants. La tuyauterie institutionnelle belge actuelle n’est pas toujours performante, loin s’en faut, mais ce n’est pas en cassant tout que ça ira mieux. Le mantra d’une bonne gestion publique doit être l’efficacité économique, sociale et sociétale au profit de tous. Avec son illusion confédérale, la N-VA s’en éloigne.

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