La revanche de Poutine
Le Président russe a gagné son pari
Peu après l’entrevue entre Vladimir Poutine et Charles Michel fin janvier à Moscou, un proche du Premier ministre belge nous confiait que celui-ci avait partagé avec le maître du Kremlin un moment de respect, malgré l’expression de divergences, et de second degré. Voilà qui résume l’un des personnages les plus énigmatiques, controversés et influents de ce siècle.
L’ombre de Poutine est à ce point étendue sur le monde qu’elle alimente toutes les théories et leur contraire. Et c’est là le but recherché.
Dans trois jours, le Président russe sera réélu. Il entamera son quatrième mandat. Fils d’ouvrier, passionné de lutte, l’ancien directeur du FSB (ex-KGB) poursuit un seul but, rendre à la Russie sa stature de grande puissance mondiale. En dix-huit ans, il a multilplié les coups d’échecs et gagné son pari à la tête d’un pays… dont le PIB est inférieur à celui du Canada.
Le système Poutine est fait de médias de propagande, Sputnik et Russia Today, diffusant partout dans le monde "la" vérité de Moscou. Sur le terrain, la Russie a déployé une armée privée, le groupe Wagner, dont la première mission fut d’annexer la Crimée, avant de partir combattre l’Etat islamique et les rebelles syriens aux côtés de Bachar al-Assad.
Vladimir Poutine a construit sa popularité en flattant un orgueil national brisé par l’effondrement de l’URSS. Il a étendu sa sphère d’influence en soutenant les populistes et l’extrême droite, de Donald Trump à Nigel Farage en passant par Marine Le Pen. Son ombre est à ce point répandue sur le monde qu’elle alimente toutes les théories et leur contraire. Et c’est aussi là le but recherché. Est-il derrière la tentative de meurtre de l’ex-espion Sergeï Skripal? S’agit-il d’un coup servant à grandir son aura avant les élections? Est-ce un coup des Britanniques, comme le soutient Moscou? Dans tous les cas, mieux vaut garder la tête froide. Et ramener le personnage à sa juste proportion, celle d’un homme combatif et doté d’un solide second degré.
Aussi épiques soient-elles, ses manœuvres sont avant tout une manipulation de l’opinion servant une revanche sur l’Histoire et les intérêts de groupes pétroliers et gaziers russes. Son style brutal, que s’empresse d’imiter une nouvelle génération de politiciens, ne sert en rien la démocratie.
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