Le paradoxe de l'index
Où l’on reparle de l’indexation des salaires.
Les négociateurs de la "suédoise" planchent sur un saut d’index. Ou sur quelque chose d’approchant, si le mot fait trop peur aux sociaux-chrétiens du CD&V, qui n’ont pas dû être ravis de voir cette information sortir à la veille de la première mobilisation syndicale depuis les élections.
Un saut d’index est favorable à toutes les entreprises. Y compris aux pouvoirs publics qui emploient beaucoup de personnel.
Car ce mardi, on peut déjà parier que les syndicats et les élus de gauche qui se joindront au mouvement vont conspuer le caractère antisocial d’une mesure touchant à l’indexation des salaires. Et pourtant, cette mesure "favorable aux entreprises" est précisément favorable… à toutes les entreprises. Y compris aux pouvoirs publics qui emploient beaucoup de personnel, comme l’enseignement. La Communauté française et la Région flamande ont tout à gagner d’un saut d’index qui allégera leur facture salariale à un moment où la croissance, sur laquelle repose leur financement, est en berne. Ils ne le diront pas, évidemment. Mais le seul qui ne tirera aucun bénéfice dans l’immédiat de la suppression d’une indexation, c’est l’Etat fédéral, en raison du manque à gagner fiscal.
Malgré ces aléas bien belges, agir sur l’indexation est une recette qui fonctionne. Il est plus que temps d’agir sur la compétitivité de l’économie belge. Et même si évoquer un saut d’index consiste à agiter un chiffon rouge devant les partis de gauche, certaines éminences étiquetées progressistes n’ont pas hésité à laisser entendre que le système de l’indexation automatique des salaires devrait obligatoirement subir des aménagements s’il voulait résister, notamment, aux pressions de la Commission européenne. On se souvient que Guy Quaden, alors gouverneur de la Banque Nationale, avait bien fâché les syndicats en s’interrogeant sur l’utilité de l’indexation des gros salaires. Plus récemment, Henri Bogaert, commissaire au Plan, s’est prononcé en faveur d’une indexation à deux vitesses.
Saut d’index "socialement corrigé" (qui ne toucherait pas les bas salaires et les allocataires sociaux) ou indexation limitée à certaines tranches de revenus, aujourd’hui, ces idées font leur chemin.
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